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Paris Île-de-France

Essonne: un collectif demande la dépollution de Sermaise, le village le plus pollué de France

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Des milliers de fûts toxiques sont enterrés, depuis cinquante ans, sous une parcelle de la petite commune.

Un collectif d'associations et de riverains réclame des études sur les 2.000 fûts enterrés à Sermaise, dans l'Essonne. Depuis cinquante ans, des milliers de fûts toxiques sont enterrés, sous une parcelle de la petite commune qui compte 1650 habitants.

Aujourd’hui, des associations de défense de l’environnement et des habitants souhaiteraient réaménager les lieux.

"Il y a une directive européenne, à horizon 2027, qui contraint les communautés à rétablir les continuités écologiques des cours d'eau, explique à BFM Paris Île-de-France, Pascale Augiat, coordinatrice du collectif Orbia. Le syndicat de l'Orge s'inscrit dans cette démarche et effectivement, dans ce site, c'est nécessaire. Reconduire la continuité écologique des cours d'eau, ça veut dire rétablir l'ancien cours d'eau de l'Orge."

L'eau contaminée

Entre 1934 et 1980, une usine de savon traitant des solvants qu'elle n'a pas la capacité de stocker, les conservent dans des fûts alignés à même le sol. En 1983, les premières traces de pollution sont détectées. À l’initiative de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass), l’eau de source qui alimente le village est analysée. Le verdict est sans appel: l’eau est contaminée par un solvant particulièrement dangereux, le tétrachlorure de carbone.

À partir de 1992, un vaste chantier de dépollution financé par l’État est lancé. Équipés de masques à gaz et de combinaisons blanches, des ouvriers vont déterrer plus de 3.600 fûts. Des milliers de tonnes de terre seront également traitées sur place jusqu’à l’aube des années 2000. Mais, depuis, le site est resté en l’état.

Aujourd’hui, seuls quelques fûts cachés derrière le bâtiment de l’usine Gerber rappellent cette histoire. Dans son dernier rapport, daté du 2 décembre 2021, la commission de suivi de site (CSS), présidée par le sous-préfet d’Étampes, Christophe Deschamps, rappelle que les fûts "qui n’ont pas été évacués dans les règles de l’art" ont pour la plupart été enfouis "générant avec le temps une pollution et une imprégnation des sols".

La commission précise également que "la pollution est descendue par gravité jusque dans les eaux souterraines et a entraîné la fermeture de deux captages d’eau potable, celui de Sermaise en 1984 et celui de Saint-Chéron en 1992".

Une réunion programmée

Début février, le préfet a signé un arrêté ordonnant de nouvelles campagnes de surveillance des eaux souterraines et de l'air, indique Le Parisien. Des études seront menées cet été et les conclusions seront dévoilées cet automne à la population.

Désormais en friche, la parcelle "est régulièrement squattée", affirme le propriétaire. Pourtant, l’accès au site est bel et bien interdit. D’un côté, il faut passer par le moulin de la Mercerie pour pénétrer sur la parcelle. De l’autre, il faut s’aventurer sur les bords de l’Orge en vue de trouver un trou dans le grillage.

Pour écrire un nouvel avenir à cette parcelle, les membres du collectif Orbia interpellent les élus. Ils ont par ailleurs rendez-vous avec la mairie, le 23 mai prochain.

Nicolas de Roucy