Elue agressée à Saint-Denis: le procès du commanditaire présumé reporté d'une semaine

Le Tribunal Judiciaire de Bobigny. - LUDOVIC MARIN
Le procès devant le tribunal de Bobigny d'un chef d'entreprise de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), soupçonné d'avoir commandité, pour une raison inconnue, l'agression en décembre d'une adjointe au maire qui a choqué l'opinion publique, a été reporté d'une semaine ce mardi 4 juin.
Serial entrepreneur de la ville qui a fait l'objet de plusieurs portraits dans la presse pour son engagement social, Mouloud B., 57 ans, est soupçonné d'avoir payé plusieurs milliers d'euros des jeunes pour frapper l'élue Oriane Filhol, une attaque sans revendication publique ni motif apparent.
Le prévenu ne s'est pas présenté au tribunal
Le prévenu, qui devait être jugé mardi, ne s'est pas présenté à l'audience à Bobigny, à laquelle assistaient de nombreux élus de Saint-Denis. Disant n'avoir pu avoir accès au dossier, son avocat a obtenu un report du procès au 11 juin.
Le 20 décembre 2023 au soir, la victime, sixième adjointe au maire chargée des solidarités, est suivie dans la rue à Saint-Denis par deux hommes alors qu'elle sort du conseil d'administration du bailleur social de la ville et rentre à son domicile. Rattrapée par les individus, elle est passée à tabac.
Dans un contexte de recrudescence nationale des violences contre les élus, l'agression provoque un tollé. En janvier, trois jeunes hommes de Saint-Denis, âgés de 18 à 22 ans, sont arrêtés par les enquêteurs.
"Pour 2.500 euros, je frappe, même si c'est une femme
À leur procès, ils expliquent s'être vu promettre 2.500 euros chacun par un mystérieux commanditaire dont ils taisent le nom - un "daron", un "blédard" - pour frapper une personne qu'ils ne connaissaient pas.
Les images de vidéosurveillance de la ville montrent un homme, non identifié à l'époque mais aujourd'hui suspecté d'être Mouloud B., désigner du doigt aux exécutants Oriane Filhol quand elle sort de sa réunion.
"Il fallait juste taper et rien dire, pas de vol, rien. Moi pour 2.500 euros, je frappe, même si c'est une femme", a raconté aux enquêteurs celui qui a frappé la victime.
La justice a condamné les agresseurs à des peines allant de huit mois de prison avec sursis probatoire à dix-huit mois de prison dont six avec sursis probatoire. Le tribunal a estimé que deux d'entre eux ne connaissaient pas la qualité d'élue de la victime.
Selon le ministère de l'Intérieur, les agressions envers les élus devraient augmenter de 15% en 2023, après une hausse de 32% en 2022 (2.265 plaintes et signalements).