"Dessiner une nouvelle région": Valérie Pécresse dévoile son schéma d'aménagement de l'Île-de-France

Décentraliser l'Île-de-France, c'est le grand projet de Valérie Pécresse. La présidente de la région a présenté ce lundi un schéma directeur de l'aménagement du territoire à l'horizon 2040. L'objectif: créer de nouveaux centres urbains franciliens en dehors de Paris.
Le Sdrif (Schéma directeur de la région Île-de-France) planifie à long terme l'aménagement du territoire et doit être respecté par les élus locaux dans leurs plans d'urbanisme. Le précédent datait de 2013. Il faut dorénavant trouver "un nouveau chemin, un nouvel équilibre".
Dans le cadre de son schéma d’aménagement, la région a défini 27 "centralités". Ce sont des villes autour desquelles Valérie Pécresse entend concentrer les efforts d’aménagement et qui auront le droit de construire davantage que les autres villes.
"Casser" le "métro-boulot-dodo"
"Nous allons casser cette logique mortifère du métro-boulot-dodo", a affirmé Valérie Pécresse, promettant "une région polycentrique, avec du développement économique de grande proximité et qui met la qualité de vie au centre du projet".
"Notre objectif est de dessiner avec ce schéma une nouvelle région, une région beaucoup plus équilibrée, qui ne soit pas complétement centralisée autours de Paris et de la petite couronne", explique-t-elle au micro de BFM Paris Île-de-France. Des pôles qui concentreront une gare, des logements, des emplois, des commerces et des services publics.
"On veut de nouvelles centralités en petite et grande couronne pour que l’on travaille le plus près de chez soi, pour que l’on se déplace moins", poursuit la présidente de la région Île-de-France.
656 km de transports supplémentaires
Valérie Pécresse paraphrase même la maire de Paris, Anne Hidalgo, avec sa ville du quart d’heure, en souhaitant une région des 20 minutes. "On veut refaire des villes multiservices, multi-usages pour mettre fin aux banlieues dortoirs et aux banlieues ghetto", poursuit Valérie Pécresse.
Pour relier ces centralités, 656 kilomètres de transports en commun supplémentaires sont prévus ou déjà en chantier.
Quelques exemples: une ligne 19 qui reliera Nanterre, Argenteuil et Saint-Denis, ou encore une trentaine de prolongements de lignes existantes, comme la 1 jusqu’à Val-de-Fontenay, la 7 jusqu’à Drancy, la 10 jusqu’à Ivry-sur-Seine ou encore la 14 entre Orly et Morangis. Le développement des transports en téléphérique est également prévu.
Des bâtiments réversibles
Le Sdrif imposera de penser les nouveaux bâtiments comme réversibles, c'est-à-dire adaptés à un changement d'usage (logement, bureaux, commerce...), et d'intégrer dans leur construction des matériaux biosourcés, comme le bois, plus écologiques.
La région, qui va sanctuariser 38.000 hectares d’espaces agricoles menacés par l'urbanisation, se fixe un objectif de réduire de 20% par décennie le rythme d'artificialisation des sols.
Céline Malaisé, la présidente du groupe communiste à la région, demande un moratoire sur les terres agricoles. Valérie Pécresse a annoncé la "sanctuarisation du sud du triangle de Gonesse et le développement du nord". Moins que ce que la loi impose aux autres régions (50% par décennie), avant d'atteindre la zéro artificialisation nette en 2050.
"Intenable socialement"
Faire plus, alors que l'Île-de-France est déjà la région la plus dense de France, serait "intenable socialement", compte tenu de la croissance démographique et des besoins en logement, a justifié Jean-Philippe Dugoin-Clément, le vice-président de la région, chargé de l'urbanisme.
La région conserve son objectif de produire 70.000 nouveaux logements par an, mais ceux-ci pourront être issus de transformations ou de réhabilitations plutôt que de constructions neuves.
La présidente du groupe écologiste, Ghislaine Senée, dénonce les "beaux discours" de Valérie Pécresse et attend le passage aux actes. Sur la promesse de production de 70.000 logements par an, cet objectif n’est pas atteignable, d’après l’écologiste.
Urgence
"Il y a une urgence au logement social et très social, insiste l'élue auprès de BFM Paris Île-de-France. Avec son plan anti-ghetto, il y a beaucoup de programmes immobiliers, mais ça ne répond pas aux besoins réels des habitants. Il faut arrêter de bétonner, il faut arrêter l’hypocrisie et se donner de vrais objectifs à savoir où l’on va construire du social et du très social. Et c’est ça qui devrait tirer la construction du neuf."
Et d'ajouter: "Or, toute opération immobilière cherche la rentabilité. On va construire du logement cher qui va financer le logement pas cher. Il faut casser ce modèle de financement foncier. Ni l’État, ni Valérie Pécresse ne sont dans cet objectif-là. On ne peut pas continuer à construire 70.000 logements tout en promettant du transport en commun et de ne pas artificialiser les sols tant que l’on ne change pas de modèle réel", tranche Ghislaine Serré, qui déplore l'absence de "remise en cause de l'aménagement".
Une partie des terrains de la région, 28.000 hectares, seront réservés à la "réindustrialisation", dont 600 pour de nouveaux sites.
Le document -une "V0", selon Jean-Philippe Dugoin-Clément- devrait être soumis une première fois au conseil régional à l'été, puis adopté sous sa forme définitive à l'été 2024.