De 5 euros à 10 euros le menu: quand les prix du kebab s'envolent en Île-de-France

Elle est loin l'époque où le menu complet -sandwich, frites et boisson- s'affichait à 5 euros tout ronds. Désormais, pour déguster un kebab, les clients doivent dépenser le double, soit près de 10 euros. Voire plus dans certains établissements.
Une tendance qui s'explique par plusieurs facteurs: la hausse des coûts de production, mais aussi la tournure qu'a prise le sandwich, qui souhaite s'éloigner des clichés de la malbouffe et qui tend vers des interprétations plus gastronomiques.
En Île-de-France, nombreux sont les consommateurs à avoir remarqué cette évolution, créant un soupçon de nostalgie. "On était à 5 euros ou 6 euros un menu complet. Aujourd'hui, il faut compter 12 euros pour un kebab", grince Xavier, 36 ans, au micro de BFM Paris Île-de-France.
"Je ne pense pas que ce soit récent"
Sur les devantures ou les téléviseurs qui affichent les prix, terminé donc le menu hyper accessible, qui a fait -entre autres- l'âge d'or du kebab. Car c'est aussi ça la recette qui a fait le succès du sandwich, aujourd'hui troisième "snacking" préféré des Français, selon l'enquête Speak Snacking 2024 pour Le Figaro.
Mais à écouter les habitués, la hausse des prix n'est pas nouvelle. "Ça fait pas mal de temps, je ne pense pas que ce soit récent", indique Ryan, habitant du 20e arrondissement. "Eux aussi, pour faire des marges, ils doivent augmenter leurs prix, donc je dois les comprendre", ajoute-t-il.
Depuis plusieurs années maintenant, les prix de la viande, du pain, des frites, de l'huile et autres produits ont considérablement grimpé. Forçant les restaurateurs à revoir leurs marges, et donc le prix du produit terminé.
"Vu le prix d'envolée de la viande, de l'agneau, du poulet, pour ceux qui ont des broches multiproduits, plus le pain pita qui est de meilleure qualité d'année en année, on est passé d'un kebab moyen à 5 euros qui frôle aujourd'hui les 7, 8 voire 9 euros", précise Bernard Boutboul, président de la société de conseil Gira, spécialisé dans la restauration.
"On était à perte"
Cette évolution des coûts de production, David Cherqui, gérant du Streaters, dans le 20e arrondissement, élu meilleur kebab de France par le site Kebab-Frites en 2024, la ressent fortement.
"Au début, c'était 6 euros le menu avec frites et boisson. Et après, compte tenu que les prix ont fait qu'augmenter, on était à perte", explique-t-il à BFM Paris Île-de-France, devant sa broche. "On a été obligé de faire des calculs et de voir à combien on était rentable", précise le gérant.
Aujourd'hui, grâce à la réputation dont il jouit, les clients sont au rendez-vous chaque midi, soir, mais pas que.
"Ce qui nous sauve, c'est le volume et le fait qu'il y ait des clients constamment tout au long de la journée", indique David. Un flux de clients en continu qui lui permet de faire des économies.
"Il y a des techniques. On arrive à avoir des prix au niveau des fournisseurs en faisant jouer l'économie d'échelle. Au lieu d'un bidon d'huile, on prend deux palettes d'un coup donc forcement les prix sont réduits", ajoute-t-il au micro de BFM Paris Île-de-France
Le marché du kebab en mutation
Au-dessus du plan de travail de Streaters, les prix affichés sont loin de ceux d'antan: 13 euros pour le menu "Berliner", 10 euros pour le menu "kebab" classique. Mais alors, qu'elle est la différence entre les deux sandwichs? Pour celui à 10 euros, c'est la formule la plus pure du kebab: du pain, des crudités (salades, tomates, oignons), de la sauce.
Le deuxième, lui, est plus récent dans le paysage du fast-food. Inspiré des kebabs servis dans les rues de Berlin, d'où son nom, le "Berliner" est arrivé il y a quelques années dans les établissements français. À l'intérieur du pain, toujours de la viande et de la sauce. Mais ce sont les crudités qui changent: choux rouge, aubergines grillées, poivron, carottes, accompagnées quelques fois par de la grenade et de la feta. Une version plus neuve, contemporaine, et qui laisse le côté gras du sandwich de côté.
"Le kebab est sorti d'une période infréquentable de fast food-malbouffe vers une période plus fréquentable, gustative et évidemment plus chère", indique Bernard Boutboul, directeur de la société de conseil dédiée à la restauration.
D'ailleurs, en Allemagne, avec l'augmentation du prix du kebab, de nombreuses personnes militent contre la "donerflation". Ils ont appelé le chancelier, Olaf Scholz, à mettre en place un plafonnement du prix du sandwich.
D'un point de vue plus général, ce sont aussi les prix des fast-food qui ont augmenté. Burgers, pizzas: en Île-de-France, nombreux sont les établissements à avoir dû augmenter les prix. Aujourd'hui, le produit rapide qui reste le plus accessible, c'est le sandwich jambon-beurre ou autre formule en boulangerie.