BFMTV
Paris Île-de-France

Crack à Paris: les riverains du quartier Stalingrad à bout, "on ne peut même plus sortir"

placeholder video
À Paris, les habitants du quartier Stalingrad dénoncent les nuisances générées par la présence de nombreux consommateurs de crack. Pour eux, l'évacuation des jardins d'Eole n'a rien arrangé.

"Pas de crack dans nos quartiers". Les riverains ont beau vociférer, leur message s’envole dans le vide. Depuis le début de l'été, la situation ne s'est pas améliorée dans le nord-est parisien où les toxicomanes sont toujours aussi nombreux.

Sur le pont de la rue Riquet, un campement d’environ 200 consommateurs de crack s’est progressivement installé, Dans le même temps, preuve d’un désespoir qui ne cesse de grandir, le quartier se vide peu à peu de ses résidents, assure une habitante.

"Les gens sont vraiment dépités, il y a énormément de gens qui ont déménagé cet été précipitamment, même des gens propriétaires qui ont laissé leur appartement pour sous-louer ailleurs, tellement la situation est invivable", affirme cette riveraine au micro de BFM Paris.

Evacués des jardins d'Eole mais toujours dans le quartier

Depuis leur évacuation des jardins d’Eole le 30 juin dernier, les toxicomanes sont livrés à eux-mêmes. Conséquence: les violences et les bagarres se multiplient, souvent en plein jour, déplorent les riverains. "Ils se sentent beaucoup plus fort, ils nous affrontent. Tous les jours ont subi des agressions", explique une habitante.

"On en a marre, on ne peut même pas sortir. Si je pars au boulot, il faut que mon père m'accompagne jusqu'au métro", s'agace une autre résidente.

Mercredi, pour tenter d'alerter à nouveau sur la situation, les habitants du quartier ont décidé de se rassembler. Mais la manifestation s'est rapidement transformée en un face-à-face avec les dealers et les toxicomanes. La police, stationnée à seulement quelques mètres, est restée passive.

Les autorités se renvoient la balle

Le transfert des toxicomanes de Stalingrad vers les jardins d’Eole depuis la mi-mai puis l'évacuation en juin des jardins sont loin d'avoir réglé le problème. Le secteur reste gangréné par le trafic et la consommation de crack.

"On veut ni de salle de shoot, ni de toxicomanes. On veut que l'Etat prenne ses responsabilités. L'urine, les excréments (...) c'est tous les jours. On a plus rien à perdre, on a tout perdu", se désole l'un des manifestants.

Fin août, la maire de Paris a proposé au Premier ministre Jean Castex, plusieurs sites possibles pour la prise en charge des toxicomanes. Anne Hidalgo a notamment proposé deux sites dans le quartier des Grands Boulevards, "dont un opérationnel avant la fin de l'année", et un site pour les femmes toxicomanes dans le 19e arrondissement.

L'élue PS a également proposé "un site adapté pour des accueils jour/nuit et une activité de soins" dans le 20e arrondissement. Mais cette proposition ne fait pas l'unanimité. Samedi, de nombreux riverains du 20e arrondissement de Paris se sont réunis devant le bâtiment d'une ancienne école maternelle afin de protester contre le projet qui serait situé près de l'école élémentaire Pelleport.

Mercredi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a assuré que la mairie de Paris était seule compétente pour régler le problème. Mais pour Anne Hidalgo, le gouvernement s’exonère de sa responsabilité.

Raphaël Maillochon, William Helle et Alicia Foricher