Crack à Paris: des élus se disent prêts à accueillir des lieux de soin et de consommation dans leurs territoires

Des fumeurs de crack près de la place Stalingrad à Paris, le 2 décembre 2020 (Photo d'illustration) - JOEL SAGET © 2019 AFP
"Cela ne devrait pas perdurer une seconde de plus". Dans une tribune publiée dans Le Monde ce mardi, Anne Souyris, adjointe à la mairie de Paris chargée de la santé publique, fustige les politiques successivement menées depuis plusieurs décennies concernant les usagers de drogues qui consomment dans la rue, entre autres du crack.
L'élue défend une politique d'accompagnement plutôt qu'une politique de répression. Il est pour elle nécessaire d'envisager le problème sous l'angle sanitaire.
Cette dernière, ainsi que d'autres élus, se disent donc prêts, "pour en finir avec les scènes ouvertes de drogues", à "accueillir, dans nos villes, départements et régions, des espaces de soins et de sevrage, de consommation supervisée, de repos le jour et d’hébergement la nuit, dès aujourd'hui".
On retrouve notamment parmi les signataires de cette tribune les députés de la capitale Julien Bayou et Sandrine Rousseau, ou encore les élus de la municipalité de Paris David Belliard et Alice Coffin.
La première adjointe à la mairie de Marseille Michelle Rubirola, le conseiller municipal de Lille Jérémie Crépel et l'adjoint à la mairie de Strasbourg Alexandre Feltz ont eux aussi signé le texte.
"Le crack ne disparaîtra pas de notre monde"
Pour ces élus, il est impératif de prendre en charge les usagers et, à Paris, de cesser de déplacer le problème. "Faire fuir des centaines d’usagers ne peut pas être une solution. Encore une fois, les habitantes et habitants du Nord-Est parisien, dont nombre d’entre nous font partie, vont retrouver l’un écroulé devant leur porte, l’autre dans un hall d’immeuble, le troisième sur un escalier sur le chemin du métro", peut-on lire dans la tribune.
Ils s'appuient sur les exemples de villes européennes qui ont endigué le problème en le traitant comme un enjeu de santé publique et exhorte le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ainsi que le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, de les suivre, alors qu'un nouveau "plan crack" devrait bientôt être présenté.
"N’en déplaise à monsieur Darmanin, le crack, pas plus que les autres drogues, ne disparaîtra pas de notre monde. Mais l’insécurité sociale, la violence et la détresse qui l’accompagnent le peuvent", avance Anne Souyris.