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Paris Île-de-France

Ce que l'on sait des heurts qui ont éclaté devant un lycée de Cachan

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Le feu a été mis à des poubelles tandis que des projectiles ont été envoyés sur les forces de l'ordre. Un mineur a été interpellé. Les élus locaux ainsi que des professeurs et des élèves ont condamné les violences.

Des heurs ont éclaté ce mardi 5 mars devant un lycée de Cachan (Val-de-Marne) lorsque des individus rassemblés devant l'établissement ont commis des dégradations.

Un véhicule municipal a été retourné, et les forces de l'ordre ont été visées par des projectiles. Un mineur a été interpellé après ces évènements et une enquête a été ouverte.

· Un rassemblement dégénère

Plusieurs élèves rencontrés sur place ont témoigné de l'organisation d'un blocus ce mardi matin en accord avec les professeurs mobilisés depuis plusieurs jours pour alerter sur l'insalubrité des infrastructures du lycée.

"Quand j'ai voulu aller au lycée, on m'a dit qu'il y avait un blocus, qu'il y avait pas cours", explique une élève au micro de BFMTV. "L'état du lycée, il est choquant. Il y a des rats, la peinture s'enlève, apparemment il y a de l'amiante..."

Plusieurs élèves de l'établissement soulignent le fait que cette mobilisation était censée être "pacifiste". Selon la police, environ 200 personnes se sont rassemblées pour empêcher l'accès à l'établissement ce mardi matin. "Les élèves sont arrivés pour aller en cours, pas pour l'attroupement", affirme le rectorat.

La situation a dégénéré lorsque des individus, qui n'appartiennent a priori pas à ce lycée, se sont joints au mouvement. Un groupe d'une "vingtaine" de personnes encagoulées a perturbé l'accès au lycée, indique le rectorat de Créteil à l'AFP.

"Il y a des gens qui se sont ramenés au mortier, qui ont commencé à caillasser", raconte un élève. "D'autres élèves ont commencé à venir, il y avait des casseurs cagoulés et qui ont commencé à tout casser", confirme une autre lycéenne.

· Des dégradations, une policière blessée

Les forces de l'ordre ont alors dû intervenir pour un feu de poubelle à l'entrée du lycée. L'incendie a été rapidement maîtrisé, mais la façade a été noircie par les flammes.

Des projectiles ont été lancés en direction des forces de l'ordre, et deux véhicules de la police municipale ont été dégradés.

Une policière a par ailleurs été blessée au niveau du bras et souffrirait potentiellement d'une fracture, a appris BFMTV de source judiciaire.

Une voiture de la municipalité a même été retournée. "Les agents de la mairie sont arrivés pour intervenir dans le lycée, sauf qu'ils avaient bloqué la route (...) Les lycéens sont arrivés, ont pris la voiture, et l'ont retournée", raconte un élève.

La police a fait usage de gaz lacrymogène. Les heurts ont duré environ deux heures, avant un retour au calme vers 10h40.

"Au moment où je vous parle, le calme est revenu", confirmait en début d'après-midi la ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet. "Moi, c'est tout ce que je souhaite, qu'on puisse travailler dans la sérénité dans un établissement scolaire."

· Un jeune de 17 ans interpellé

Un jeune homme de 17 ans a été interpellé en marge de ces violences, pour "participation à un attroupement non armé", indique à l'AFP le parquet de Créteil. Une enquête a été ouverte pour dégradation aggravée, violence sur personne dépositaire de l'autorité publique, et participation avec arme à un attroupement, précise le parquet.

De son côté, le préfet de police Laurent Nuñez a parlé de faits "absolument intolérables" et a indiqué renforcer la sécurité autour de l'établissement. "Nous serons présents dès demain et dans les jours qui viennent autour de l'établissement pour que l'ordre public règne", a-t-il ajouté.

Parmi les personnes encagoulées, "je crois pouvoir dire sans trop m'avancer qu'il y avait des individus qui n'étaient pas des lycéens de l'établissement", a poursuivi Laurent Nuñez.

· Condamnation des élus

La région Île-de-France a annoncé, à travers sa présidente Valérie Pécresse, qu'elle déposait plainte à la suite de ces violences.

La maire de Cachan, Hélène de Comarmond, ainsi que les élus "condamnent fermement toutes les violences inacceptables qui se sont déroulées devant le lycée", déclare l'édile dans un communiqué.

Elle appelle à "des échanges apaisés, constructif et sans délais" avec la région concernant la problématique de salubrité de l'établissement, des revendications qu'elle reconnaît comme étant "légitimes".

· Professeurs et élèves déplorent les violences

De leurs côtés, plusieurs élèves qui étaient venus manifester pacifiquement ce matin déplorent la tournure des événements. "J'étais pour le blocus, mais pas pour les dégradations qui se sont passées", dénonce l'un d'entre eux.

Les personnels enseignants du lycée, qui exercent leur droit de retrait depuis la semaine dernière, condamnent eux aussi "les violences exercées ce matin par des individus cagoulés, dont certains ne sont sans doute pas du lycée".

"Nous tenons à réaffirmer qu'ils n'ont rien à voir avec les personnels, élèves et parents mobilisés légitimement pour dénoncer les conditions de travail et d'enseignement dans des locaux insalubres, voire dangereux", déclarent-ils dans un communiqué paru à la mi-journée.

Un peu plus tôt dans la matinée, les professeurs se réjouissaient d'avancées obtenues concernant leurs revendications sur les travaux à réaliser au sein de l'établissement.

"Par une heureuse coïncidence, les lignes téléphoniques fixes, hors service depuis plusieurs mois, ont été rétablies le 28 février. Une trentaine de radiateurs, réclamés depuis des mois, ont commencé à être livrés pour les classes les plus froides. Plusieurs salles présentant un risque fort lié à l’amiante ont été condamnées, et la réalisation d’un diagnostic amiante a été ordonnée", rapportaient-ils.

Les cours ont pu reprendre normalement ce mardi après-midi au sein du lycée.

Camille Martin, Julie Roeser, Tom Becques avec Laurène Rocheteau