BFMTV
Paris Île-de-France

"C'est une honte": à Paris, des collégiennes témoignent contre un professeur, accusé d'agression sexuelle

placeholder video
Lundi dernier, des enseignants du collège Dorgelès se sont mis en grève pour dénoncer la suspension de l’un de leurs collègues après le dépôt d’une plainte par une élève à son encontre. Mercredi, parents, élèves et anciens de l’établissement se sont rassemblés pour exprimer leur colère.

"Grève pour votre collègue, riposte des élèves", "victimes, on vous croit" pouvait-on lire ce mercredi sur des pancartes devant le collège Roland-Dorgelès dans le 18e arrondissement de Paris.

Une centaine d’élèves étaient mobilisés pour dénoncer les agissements d’un professeur d’EPS. Depuis plus de 10 ans, ce dernier aurait des comportements déplacés envers les filles avec des mains baladeuses en cours de sport et des regards insistants.

Lors de cette manifestation d’anciens élèves se sont déplacés en soutien. Les élèves ont décidé de briser le silence et de témoigner. "Je n'avais pas de soutien-gorge parce que je considérais que je n'avais pas assez de poitrine et que je n'en avais pas besoin. Il m'a dit "je vais te tenir les jambes tu vas faire le poirier devant toute la classe". Donc j'ai rentré mon tee-shirt mais il est quand même tombé et toute la classe a vu et il a continué de me tenir les jambes" relate une jeune fille présente au rassemblement.

"Quand ma mère est allée le voir, il continuait de dire que c'était de ma faute alors que moi j'étais paralysée, ça m'a un peu traumatisée" se souvient la jeune fille.

"C'est quelque chose qui était su"

Des agissements connus par les élèves. "Dès que mes soeurs ont eu ce prof, on disait 'ah non mais tu n'as pas de chance tu vas voir c'est un peu un pervers'. C'est vraiment quelque chose qui était su, de toutes les générations" explique une ancienne collégienne.

"Il est rentré dans les vestiaires pendant qu'on était en train de se changer. Il y a beaucoup d'enfants qui ont signalé à la CPE, à la directrice, aux surveillants, mais on avait l'impression qu'ils étaient sourds. Ca a toujours été un peu caché, sous terre" relate une autre jeune fille.

Une lettre ouverte envoyée au rectorat et à la mairie

Mia était scolarisée il y a une dizaine d'années au collège Dorgelès, elle se souvient des comportements déplacés de son professeur de sport. "On était souvent mal à l'aise de là où il nous touchait. Quand on faisait par exemple un salto en gymnastique, il devait nous sécuriser pour pas qu'on se casse la nuque. Les garçons il leur tenait le dos et le bas du ventre, les filles c'était plutôt les fesses et le très très bas du ventre", raconte-t-elle.

"Quand j'étais en 5ème/4ème j'avais plusieurs amies qui avaient fini leur puberté. Il avait tendance à se rapprocher d'elles, d'un côté très malsain" explique l'ancienne élève au micro de BFM Paris. Mia a donc décidé d’écrire une lettre déjà signée par 80 autres élèves au rectorat et à la mairie dans l’espoir de les faire réagir. "Notre but c'est qu'il ne puisse plus exercer".

"C'est non seulement un professeur qui se comporte mal, mais en plus il est couvert par d'autres professeurs et par la directrice. Pour nous c'est une honte d'agir comme ça" s'indigne la jeune femme.

Des enseignants en soutien au professeur d'EPS

Car récemment suite à une plainte d’élèves, le professeur d’EPS a été suspendu 4 mois. Une suspension qui a été reconduite. Une sanction injuste pour le corps enseignant si l’on en croit ces échanges de courriels entre eux.

"Après avoir subi une humiliante suspension de 4 mois sans interlocuteur au rectorat, après avoir dû payer des frais d’avocat, après avoir finalement été entendu par la police, qui a reconnu que le dossier était vide, il serait question de le muter dans 'l’intérêt du service?' C’est un scandale et nous devons manifester notre opposition rapidement", souligne un professeur dans un document consulté par BFM Paris.

Les parents dans l'incompréhension

Certains enseignants ont décidé de faire grève pour le soutenir, une décision incompréhensible pour ces parents d’élèves. "C'est une offense, le fait d'initier ce mouvement, c'est nier la parole de l'enfant" juge Laurent, parent délégué de l'association du collège Dorgelès.

"Les enseignants réclament une aide juridique et psychologique pour le présumé coupable. Est-ce qu'à un moment donné on a demandé aux enfants s'ils avaient besoin d'une aide psychologique? Vous imaginez les répercussions sur un enfant qui a entre 11 et 15 ans" ajoute le parent d'élèves.

Une enquête, menée par la brigade des mineurs est en cours.

Simon Azélie, Clémence Renard et Alicia Foricher