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Paris Île-de-France

Après l'incendie de la mairie, des services publics "sans bureau fixe" à Garges-lès-Gonesse

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Deux mois après l'incendie de l'Hôtel de Ville, le maire de Garges-lès-Gonesse s'inquiète encore de savoir qui paiera la facture des travaux.

Au coeur de l'hôtel de ville incendié, Benoit Jimenez arpente en baskets le sol noirci de ce qui était encore fin juin le service municipal des marchés publics. Deux mois après, le maire de Garges-lès-Gonesse s'inquiète encore de savoir qui paiera la facture des travaux.

Avec ce bâtiment des années 70 condamné par des barrières de chantier et sa façade partiellement recouverte de larges plaques de métal, le centre-ville porte les stigmates des émeutes urbaines du début d'été. "C'est le symbole de la République qui a un genou à terre", dit l'élu UDI.

Des salles des mariages et du conseil municipal, à l'étage, il ne reste que les chaises, empilées sous des bâches plastiques. Le faux plafond a disparu et les câbles électriques pendent dans le vide par dizaines.

Si des employés d'une entreprise privée s'activent, suspendus par des cordes, à retirer la suie des vitres restantes, la réhabilitation du bâtiment est loin d'avoir débuté : le rapport d'expertise n'a pas encore été transmis, de quoi donner des sueurs froides au maire.

Au-delà des assurances, sans soutien du département du Val-d'Oise, de la région Île-de-France ou de l'Etat, Benoit Jimenez ne saura "concrètement pas faire". "Il faudrait que je choisisse concrètement entre renouveler des écoles, renouveler des logements ou refaire la mairie," imagine l'élu, quotidiennement questionné par les habitants sur la situation.

"On essaie de rassurer mais, sans langue de bois, en disant la vérité, on ne sait pas concrètement quels projets seront peut-être mis de côté parce qu'on ne sait pas qui financera l'entièreté de cette réhabilitation," ajoute-t-il.

Les premières estimations tablent sur un coût d'au moins deux millions d'euros, pour des travaux qui s'étaleraient sur deux années.

"Chaises musicales"

Une certitude, conséquence directe de l'incendie qui a ravagé l'administration dans la nuit du 28 au 29 juin: les 150 agents qui travaillaient dans le bâtiment doivent se trouver des espaces de travail à travers la ville.

Le centre national d'inclusion par le sport allait être inauguré à l'automne dans une salle polyvalente à l'entrée de la ville: "on ne l'ouvrira malheureusement pas maintenant car (cette salle) va accueillir un certain nombre de services municipaux le temps justement que nous rouvrions l'hôtel de ville," déplore Benoit Jimenez.

Pour le centre communal d'action sociale (CCAS), dont une large partie des bureaux se trouvaient au sein de l'hôtel de ville, la flexibilité est désormais le maître-mot.

"Sans bureau fixe", Kathia Vazquez, qui dirige le CCAS, trimballe son ordinateur portable au gré de ses déplacements.

Enchaînant les parties de dominos à la terrasse du bâtiment municipal mis à disposition des seniors, les retraités l'ont accueillie, elle et son service, sans difficulté aucune. "On pousse les murs, on installe des agents un peu partout dans les espaces pour qu'ils soient au moins correctement installés et qu'on puisse accueillir le public comme il faut," explique Mme Vazquez.

À la faveur des congés d'été, ses employés ont ainsi pu utiliser les petits boxes du service sport pour recevoir les administrés en rendez-vous.

"Avec la rentrée, nous allons demander à nouveau au CCAS de déménager dans les semaines qui viennent au sein (des locaux) de la police municipale", détaille le maire à ses côtés.

Difficile au quotidien de s'y retrouver dans ce "jeu de chaises musicales" mais l'élu et les agents municipaux ont pour leitmotiv leur volonté de "maintenir le service public".

C.Bo. avec AFP