Nouvelle-Calédonie: un accord "historique" signé par les indépendantistes et les non-indépendantistes

Un drapeau kanak à côté du drapeau français, devant la mairie de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie le 23 septembre 2024. (Photo d'archive) - SEBASTIEN BOZON / AFP
Réunis depuis dix jours près de Paris pour tenter de tracer un avenir institutionnel à la Nouvelle-Calédonie, l'État et les forces politiques du territoire ultramarin ont signé ce samedi 12 juillet un accord "historique", ont annoncé plusieurs participants au sommet.
"Un accord historique a été signé", ont indiqué dans un communiqué les non-indépendantistes des Loyalistes et du Rassemblement tandis que Manuel Valls, ministre des Outre-mer, a salué le "choix du courage et de la responsabilité".
Sur son compte X, François Bayrou a quand à lui exprimé sa "fierté d'un accord à hauteur d'Histoire". "Honneur au courageux négociateurs, merci à M. Valls", a ajouté le chef du gouvernement, en soulignant qu'avait été actée la création d'un "État de Nouvelle-Calédonie au sein de l'ensemble national, inscrit dans la Constitution".
"Un État de Nouvelle-Calédonie dans la République: c’est le pari de la confiance", a souligné sur le réseau social Emmanuel Macron, en remerciant Manuel Valls et les négociateurs qu'il doit recevoir ce samedi à l'Élysée à 18 heures. "L’heure est désormais au respect, à la stabilité et à l'addition des bonnes volontés pour bâtir un avenir partagé",
Trouvé après une ultime nuit de négociations à Bougival, dans les Yvelines, cet accord intervient après l'échec des négociations menées par le ministre en mai dernier à Deva afin de mettre d'accord indépendantistes et non-indépendantistes sur un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie. Il doit encore être entériné en Nouvelle-Calédonie par les mandants des différentes délégations.
Il est également conclu plus d'un an après les violentes émeutes du printemps 2024 qui avaient fait 14 morts et entraîné des milliards d'euros de dégâts sur l'île. Elles s'étaient déroulées sur fond de mobilisation contre un projet d'élargissement du corps électoral au scrutin provincial calédonien. Un projet contesté par les indépendantistes qui accusaient l'exécutif français de vouloir minorer la population autotchtone kanak.
La création d'une nationalité calédonienne
Selon les non-indépendantistes des Loyalistes et du Rassemblement, l'accord conclu permet "la réouverture du corps électoral à de nombreux Calédoniens et à leurs conjoints" et conforte "le rôle de la France en Nouvelle-Calédonie, en maintenant les compétences de sécurité, de justice, de défense et de monnaie à l’État".
Dans le même temps temps, des "concessions" ont été faites par les non-indépendantistes, à commencer par la "transformation de la collectivité Nouvelle-Calédonie en État intégré dans l’ensemble national français et reconnu dans la Constitution" et "la création d’une nationalité calédonienne indissociable de la nationalité française".
"Nous avons fait de fortes concessions pour l'éviter et pour projeter définitivement la Nouvelle-Calédonie dans l'avenir et sans date butoir", a réagi auprès de l'AFP le député non-indépendantiste Nicolas Metzdorf.
"Cet accord permet à l'espoir de renaître", a estimé pour sa part Philippe Gomes, chef de file du parti Calédonie ensemble. Selon lui, le Parlement doit être réuni à Versailles au dernier trimestre pour "constitutionnaliser" l'accord, avant un référendum local. Les élections provinciales, cruciales sur l'archipel et prévues au plus tard fin novembre, sont reportées en mai-juin 2026.