"Ça m'a tellement perturbé": en Ardèche, la détresse psychologique des victimes des inondations

Un village encore meurtri. La semaine passée, Limony, dans le département de l'Ardèche, a été très durement touchée par un épisode pluvieux qui a provoqué de nombreuses crues et inondations. La commune de 800 habitants, située au bord du Rhône et au pied de coteaux plantés de vignes, porte le nom de la rivière qui la traverse et se jette dans le fleuve.
Lors des fortes pluies, la rivière a charrié du bois qui s'est bloqué sous un pont de la localité et a dévié de son lit, emportant deux passerelles et se répandant dans le village. Le pont en pierres est encore bouché par un entrelac de bois.

"On est monté sur le toit"
La montée des eaux a très largement choqué les habitants, qui ont connu des événements traumatisants. Interrogé par BFMTV, Robert se rappelle par exemple comment il a été évacué par hélicoptère.
"On est passés par les escaliers, on est monté sur le toit, au moins on était en sécurité. Ça m’a tellement perturbé, ça fait vraiment peur quand vous voyez les voitures qui passent devant vous", détaille-t-il.
Auprès de l'AFP, Michèle Desseux, 78 ans, était dans sa maison en train de mettre ses chaussures quand l'eau est arrivée par la porte d'entrée et est montée très vite. Elle a eu "de l'eau jusqu'au menton!", mime-t-elle.

"Je me suis cramponnée à la porte d'entrée", près de son fils, agrippé en hauteur lui aussi, en attendant les secours. Un hélicoptère "est venu nous chercher. On a un peu nagé, les pompiers nous ont lancé des flotteurs. Mon fils est monté sur la haie, puis on s'est attaché à l'hélicoptère", poursuit la retraitée.
"Le village ressemble à une zone de guerre, dit pour sa part Samuel Sage, 54 ans, qui a lui aussi subi de plein fouet la montée de la rivière qui coule le long d'un de ses murets. "Dans le jardin, on n'avait même plus pied", relate celui qui évoque une situation "dantesque."
"Dispositif 'd'aller vers""
Alors, afin d'aider les locaux à surmonter ce traumatisme, de nombreuses actions sont menées par les associations locales dont la Croix-Rouge. "Il y a eu une première action avec une quarantaine de bénévoles qui sont sur le terrain, au plus près des sinistrés", dit, à BFMTV, Theotime Tetu, directeur des opérations de la Croix-Rouge à Limony.
"Puis il y a un dispositif 'd’aller vers', à l’aide de café, qui permet de discuter avec les gens pour qu’ils puissent vider leur sac", ajoute-t-il.
De plus, la préfecture de l'Ardèche a mis en place un suivi psychologique des habitants de la zone en ouvrant un poste d’urgence medico-sociologique.
Il s'agit de "réduire la charge émotionnelle en utilisant simplement l’écoute empathique puis en mettant en avant les ressources individuelles ou collectives, ce qui permet à la personne de continuer, de ne pas rester dans un état de sidération mais de continuer son chemin", nous dit Corinne Biennassis, psychiatre présente sur place.
Elle et les autres professionnels de la santé mentale devraient être là durant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.