CARTE. 410.000 éclairs en 2024: pourquoi les orages frappent autant la Bourgogne - et épargnent la Bretagne

Les régions les plus foudroyées en 2024 sont les régions se trouvant sur un axe du sud-ouest au nord-est, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ainsi que les reliefs.

La ville d'Arles (Bouches-du-Rhône) a été la plus foudroyée en France en 2024: 489 impacts de foudre y ont été recensés sur 26 jours d'orage, selon le décompte de Météorage, qui a publié mi-février le bilan de l'activité orageuse enregistrée l'année dernière.

Au total, plus de 410.000 impacts de foudre ont été détectés en France métropolitaine en 2024. "Ce n'est pas une année record", commente auprès de BFMTV.com Stéphane Schmitt, expert à Météorage, opérateur du réseau français de détection de la foudre affilié à Météo-France.

Si 2024 se situe dans les normales climatiques, on distingue toutefois d'importantes disparités géographiques.

"Par exemple, Nîmes est foudroyée 30 fois plus que Quimper", illustre le spécialiste.

Des orages de chaleur dans le Sud-est

Effectivement, le Sud-est "est le territoire le plus marqué", poursuit Stéphane Schmitt, à l'instar de la ville d'Arles. Les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse subissent une activité orageuse intense, notamment en saison automnale, en raison de l’humidité et de la douceur des eaux méditerranéennes provoquant de forts contrastes thermiques.

Car un orage est avant tout le résultat d'un conflit de masses d'air. Par exemple, dans le Sud-est, "en avril-mai, on a de l'air chaud qui arrive d'Afrique alors qu'on a toujours une situation hivernale avec de l'air froid en altitude", affirme Stéphane Schmitt. C'est cette rencontre de deux masses de températures différentes qui va créer un ciment propice à la formation d'orages.

Cette configuration explique, à l'inverse, pourquoi des régions comme la Bretagne sont bien plus épargnée par les orages et donc les impacts de foudre. "C'est un climat plus tempéré avec moins d'apport de chaleur", explique Stéphane Schmitt. De la même manière, dans des zones du globe où il fait tout le temps chaud ou tout le temps froid, il n'y a quasiment jamais d'orage.

Le centre-est très foudroyé

Le bilan de l'année 2024 dressé par Météorage met également en lumière une importante densité de foudroiement en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand-Est. La Haute-Marne, la Haute-Saône et la Côte-d'Or sont les trois départements où il y a eu le plus d'impacts de foudre par km² sur l'année.

"Le centre-est du pays a été particulièrement impacté par les orages parfois violents de cette année 2024", précise d'ailleurs Météorage.

Ici, la situation est un peu différente de celle des régions méditerranéennes. De manière générale, l'axe sud-ouest/nord-est est très orageux. Cette forte densité est due notamment à des remontées orageuses dues le plus souvent à des gouttes froides au large des côtes atlantiques. Ces orages dit "préfrontaux" peuvent toucher plusieurs centaines de kilomètres.

Stéphane Schmitt précise qu'il existe deux grandes catégories d'orages: ceux dits "organisés" comme ceux de cet axe sud-ouest/nord-est que l'on vient de décrire et ceux qui sont "isolés", c'est-à-dire "à l'échelle d'une zone restreinte". C'est notamment le cas dans les reliefs.

Lorsque les basses couches de l'atmosphère, près du sol, sont chauffées par le soleil, l'air chaud s'élève, car il est moins lourd que l'air froid. Cette masse d'air va être emprisonnée par les montagnes, qui vont le forcer à monter encore plus en altitude, où il va rencontrer une masse d'air plus froide, créant des conditions propices au développement d'un orage. On parle alors d'orages orographiques.

Le top 10 des départements les plus foudroyés

Par densité de foudroiement

• Haute-Marne: 2,103 éclairs par km² en 2024
• Haute-Saône: 1,614
• Côte-d'Or: 1,493
• Vosges: 1,485
• Seine-et-Marne: 1,483
• Haute-Corse: 1,438
• Var: 1,316
• Loire: 1,299
• Aube: 1,276
• Alpes-Maritimes: 1,252

Des orages plus sévères avec le réchauffement

2024 n'était pas une année particulièrement électrique. Avec près de 725.000 impacts de foudre, 2018 a été l'année la plus foudroyée depuis au moins 30 ans. L'année suivante, en 2019, seuls 280.000 impacts ont été enregistrés par Météorage.

"Les bilans annuels ne montrent pas de surcroit d'activité d'une année à l'autre", commente ainsi Stéphane Schmitt.

Toutefois, le spécialiste note que la période orageuse s'allonge. "Ça commence plus tôt et termine plus tard dans l'année", dit-il, citant l'exemple d'épisodes méditerranéens parfois violents qui surviennent parfois en toute fin d'année.

"Dans un contexte de changement climatique: la sévérité des orages apparaît plus élevée, et la durée de la saison orageuse plus longue", ajoute Météorage. En effet, si l'activité électrique ne subit pas de changement notable, le dérèglement climatique entraîne une intensification des précipitations.

Cela est lié à l'effet du dérèglement climatique le plus connu: la hausse globale des températures. Plus les températures moyennes augmentent, plus il y a de vapeur d'eau dans l'air. Un degré de plus dans l'atmosphère, c'est 7% d'humidité en plus dans le ciel et donc davantage de risque de précipitations.

La Question météo-climat, votre nouveau podcast BFMTV

Pourquoi ne sommes-nous plus habitués au froid? Comment le changement climatique va-t-il changer notre quotidien? Va-t-on manquer d'eau? C'est quoi un anticyclone? Tous les jours, nos journalistes répondent à vos questions sur le temps qu'il fait et le temps qu'il fera. La Question météo-climat est un podcast quotidien de BFMTV, à retrouver sur le site et l'application et sur toutes les plateformes d'écoute - Apple Podcast, Amazon Music, Deezer ou Spotify.

Salomé Robles