Violences à Jérusalem, la tournée de George Mitchell en suspens

Plusieurs dizaines de Palestiniens ont affronté la police israélienne à coup de pierres, mardi à Jérusalem-Est, à l'occasion du "jour de colère" proclamé par le Hamas pour protester contre la consécration d'une synagogue de la vieille ville. /Photo prise - -
par Jeffrey Heller
JERUSALEM (Reuters) - Une quarantaine de Palestiniens ont été blessés à Jérusalem-Est mardi, décrété "jour de colère" par le Hamas à la suite de la réouverture la veille dans la vieille ville occupée depuis 1967 d'une synagogue détruite durant le conflit de 1948.
Les affrontements ont opposé en divers points de la partie orientale de Jérusalem des dizaines de lanceurs de pierres aux policiers, qui ont riposté à coups de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Quinze policiers ont été blessés, dont l'un touché à la main par une balle, et il y a eu une soixantaine d'interpellations.
Cet accès de tension complique encore les efforts des Etats-Unis pour raviver un processus de paix en panne depuis quinze mois, mis à rude épreuve par la décision israélienne de construire 1.600 nouveaux logements pour les Juifs dans un secteur de Cisjordanie occupée annexé au Grand Jérusalem.
L'émissaire du président Barack Obama au Proche-Orient, George Mitchell, a différé son retour prévu dans la région à la suite de propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a déclaré lundi qu'il n'avait pas l'intention de freiner la colonisation de Jérusalem.
Mitchell verra des responsables israéliens et palestiniens "dès que possible", mais pas avant la tenue d'une réunion du "quartet" des médiateurs pour le Proche-Orient jeudi et vendredi à Moscou, comme il comptait le faire auparavant, a déclaré P.J. Crowley, porte-parole du département d'Etat.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui a jugé l'attitude israélienne "insultante", a sommé l'Etat juif de faire preuve de son sérieux quant à son désir de paix avec les Palestiniens et dit attendre toujours sa réponse.
"Nous attendons la réponse israélienne sous peu", a dit Crowley à la presse.
Hillary Clinton a tenu néanmoins à réaffirmer le lien "étroit et inébranlable" entre Israël et les Etats-Unis et a redit l'attachement de Washington à la sécurité de l'Etat juif.
"C'est une situation explosive. La politique de Netanyahu revient à jeter de l'huile sur le feu", a estimé pour sa part le négociateur palestinien Saëb Erekat.
RÉUNION DU QUARTET VENDREDI À MOSCOU
Selon le Hamas, la réouverture après restauration de la synagogue de Hurva, détruite par les forces jordaniennes lors du conflit de 1948, s'inscrit dans le cadre d'un complot pour démolir à terme la mosquée d'Al Aksa, située à 400 mètres.
Israël a démenti cette accusation et le département d'Etat a exprimé sa préoccupation devant ce qu'il considère comme une réaction disproportionnée des Palestiniens à la réouverture d'un lieu de culte datant XVIIIe siècle dans le quartier juif de la vieille ville.
Israël a pris le contrôle de la partie orientale de Jérusalem durant le conflit de 1967 et l'a annexée en décrétant que la ville réunifiée serait à jamais sa capitale indivisible. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme capitale de leur futur Etat indépendant.
A l'annonce de la construction de nouveaux logements dans le Grand Jérusalem, le président palestinien Mahmoud Abbas est revenu la semaine dernière sur son acceptation de pourparlers indirects avec Israël sous l'égide de Mitchell.
Selon la presse israélienne, Hillary Clinton aurait, comme Abbas, demandé à Israël de revenir sur cette initiative, mais Netanyahu s'est gardé de la désavouer, tout en jugeant inapproprié son "timing", durant une visite du vice-président américain Joe Biden à Jérusalem.
Du coup, les pourparlers indirects qu'espérait lancer cette semaine George Mitchell lors d'une nouvelle tournée dans la région ont pris du plomb dans l'aile et l'ancien sénateur démocrate pourrait se rendre directement à Moscou vendredi pour une réunion du "quartet" des médiateurs pour le Proche-Orient.
Celui-ci regroupe, outre les Etats-Unis, la Russie, l'Onu et l'Union européenne, dont le nouveau chef de la diplomatie, Catherine Ashton, a dénoncé lundi le projet de nouvelles colonies israéliennes comme préjudiciable aux efforts de paix.
Marc Delteil et Eric Faye pour le service français