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Un début d'élections dans la confusion en Haïti

Bureau de vote à Port-au-Prince. Une certaine confusion régnait dimanche matin en Haïti, où des bureaux de vote ont ouvert en retard pour des scrutins présidentiel et législatifs décisifs pour l'avenir du pays et sa reconstruction après le séisme meurtrie

Bureau de vote à Port-au-Prince. Une certaine confusion régnait dimanche matin en Haïti, où des bureaux de vote ont ouvert en retard pour des scrutins présidentiel et législatifs décisifs pour l'avenir du pays et sa reconstruction après le séisme meurtrie - -

par Joseph Guyler Delva et Pascal Fletcher PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Une certaine confusion régnait dimanche matin en Haïti, où des bureaux de vote...

par Joseph Guyler Delva et Pascal Fletcher

PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Une certaine confusion régnait dimanche matin en Haïti, où des bureaux de vote ont ouvert en retard pour des scrutins présidentiel et législatifs décisifs pour l'avenir du pays et sa reconstruction après le séisme meurtrier du 12 janvier dernier.

La crainte de l'épidémie de choléra qui a fait environ 2.000 morts depuis un mois pourrait inciter de nombreux électeurs à rester chez eux.

Les Haïtiens sont appelés à élire leur président, les 99 députés de la Chambre et onze des trente membres du Sénat. Dix-huit candidats à la présidence, 120 au Sénat et 900 pour la Chambre des députés sont en lice.

Au lycée Alexandre-Pétion de Port-au-Prince, le personnel électoral installait toujours les urnes et les tables une demi-heure après l'heure officielle du début des opérations, fixée à 06h00 (11h00 GMT). Les listes électorales et les bulletins de vote n'étaient toujours pas arrivés.

Dans un autre bureau de vote, gardé par des casques bleus brésiliens près du Champ-de-Mars, en plein centre-ville, il n'y avait pas d'électricité et les responsables devaient se servir de la faible lumière de leurs téléphones portables pour préparer et mettre en place le matériel électoral, dans l'obscurité du petit matin.

PAS D'ÉLECTRICITÉ

Bien après l'heure officielle de l'ouverture du bureau, un petit groupe de jeunes électeurs patientait devant le bâtiment. "Je veux voter parce que je veux le changement, un changement qui serve le peuple", déclarait l'un d'entre eux, Cherenfant Descius.

Des informations faisaient état d'autres retards dans l'ouverture des bureaux, gardés par plus de 11.000 casques bleus de la Minustah, la force des Nations unies dans le pays.

Dans le camp de réfugiés de La Pista, qui abrite plus de 50.000 rescapés du séisme de janvier qui a fait 250.000 morts, Harold Clerg se plaignait, comme nombre de ses camarades, de n'avoir pu obtenir les nouveaux papiers d'identité qui lui auraient permis d'aller voter.

"Le gouvernement dépense beaucoup d'argent pour faire campagne et larguer des tracts par avion mais nous, nous vivons dans les détritus, la misère et la faim", a-t-il dit à Reuters.

Des émeutes contre les casques bleus ont éclaté ces dernières semaines à la suite de rumeurs accusant le contingent népalais de l'Onu d'avoir été le vecteur du virus du choléra. Ces violentes manifestations ont compliqué encore un peu plus la lutte contre la maladie ainsi que l'organisation des élections.

La campagne électorale a été écourtée dans les régions du centre du pays les plus affectées par l'épidémie de choléra et, dans le nord, elle a été perturbée la semaine dernière pendant plusieurs jours par des émeutes anti-Minustah qui ont fait au moins deux morts et plusieurs dizaines de blessés.

PROBABLE SECOND TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE EN JANVIER

Plusieurs candidats à la présidence - le président sortant René Préval ne pouvait se représenter - ont des chances de l'emporter mais aucun ne semble en mesure d'atteindre les 50% nécessaires pour être élu dès le premier tour, ce qui laisse présager qu'un second tour sera nécessaire le 16 janvier.

Une liste initiale de 34 candidats à la présidence a été ramenée à 19 par le Conseil électoral provisoire, qui en a ainsi rejeté 15 pour inéligibilité. L'un des 19 restants ayant renoncé, il reste 18 candidats en lice pour le premier tour.

Parmi les mieux placés, Mirlande Manigat est à 70 ans l'une des grandes figures de l'opposition. Professeur d'université, cette ancienne première dame de Haïti pourrait devenir la première présidente du pays. Son époux, Leslie Manigat, a été pendant seulement quatre mois chef de l'Etat, en 1988, avant d'être déposé par un coup d'Etat militaire.

Jude Célestin, un ingénieur de 48 ans, est le candidat de la plate-forme au pouvoir, INITE (Unité). Nouveau venu en politique, il jouit d'une réputation de technicien et de travailleur acharné. En tant que protégé de René Préval, il pourrait pâtir des critiques qui ont visé la gestion par le pouvoir de l'après-séisme et de l'épidémie de choléra.

Jacques-Edouard Alexis, 63 ans, a été à deux reprises Premier ministre. Il a décidé d'entrer dans la course sous les couleurs du petit parti Mobilisation pour le progrès en Haïti (MPH), dirigé par Samir Mourra, un Américano-Haïtien frappé d'inéligibilité lors des élections de 2006.

Michel Martelly, 49 ans, dit "Sweet Mickey", est un musicien très connu, star de la danse Kompa qui mêle les rythmes afros et latinos. Bien qu'il manque d'expérience politique, Martelly attire des foules étonnamment importantes à ses meetings, notamment des jeunes. Il est le candidat du parti Repons Peyizan.

Nicole Dupont, Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français