Turquie: Le pape et le patriarche orthodoxe refusent "un Moyen-Orient sans chrétiens"

Le pape François a effectué un voyage de trois jours en Turquie. - Gabriel Bouys - AFP
Appel solennel au pluralisme religeux. Le pape François, en voyage officiel en Turquie, et le patriarche orthodoxe Bartholomée ont pris fermement dimanche la défense des chrétiens menacés par les exactions djihadistes en Irak et en Syrie, en assurant qu'ils n'accepteraient jamais "un Moyen-Orient sans les chrétiens".
"Nous ne pouvons pas nous résigner à un Moyen-Orient sans les chrétiens qui y ont professé le nom de Jésus pendant deux mille ans", ont lancé le souverain pontife et le plus prestigieux dignitaire orthodoxe dans une déclaration commune signée au troisième et dernier jour du voyage papal en Turquie. L'offensive lancée en juin dernier par les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie a jeté des centaines de milliers de réfugiés sur les routes, dont plusieurs dizaines de milliers de chrétiens victimes d'exactions.
"Terrible situation des chrétiens du Moyen-Orient"
"Beaucoup de nos frères et sœurs sont persécutés et ont été contraints par la violence à quitter leurs maisons. Il semble vraiment que la valeur de la vie humaine se soit perdue et que la personne humaine n'ait plus d'importance et puisse être sacrifiée à d'autres intérêts", ont-ils ajouté, regrettant "l'indifférence de beaucoup". "La terrible situation des chrétiens et de tous ceux qui souffrent au Moyen-Orient demande non seulement une prière constante mais aussi une réponse appropriée de la part de la communauté internationale", ont insisté les deux dignitaires religieux.
Comme le pape vendredi devant le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan, François et Bartholomée ont également plaidé pour "un dialogue constructif avec l'Islam, basé sur le respect mutuel et sur l'amitié".
Appel à l'union entre catholiques et orthodoxes
Le pape François a également lancé dimanche à Istanbul un appel très pressant à l'unité des églises catholique et orthodoxes divisées depuis un millénaire. "L'unique chose que désire l’église catholique, et que je cherche comme évêque de Rome (...) c’est la communion avec les églises orthodoxes", a déclaré le souverain pontife dans un message lu devant le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée 1er, le dignitaire orthodoxe le plus prestigieux. Le pape a prononcé ce discours après avoir participé à une "divine liturgie" avec Bartholomée, avec qui il entretient des liens d'amitiés très forts.
"L'église catholique n'entend pas imposer une quelconque exigence, sinon celle de la profession de foi commune" et "nous sommes prêts à chercher ensemble, à la lumière de l'enseignement de l'Ecriture et de l'expérience du premier millénaire, les modalités par lesquelles garantir la nécessaire unité de l'Eglise", a dit le pape dimanche.
Dans son discours, François a énuméré les voix qui selon lui se lèvent pour exiger le rapprochement des deux institutions. "La première est celle des pauvres", a-t-il dit, évoquant "l'augmentation de l'exclusion sociale, qui peut conduire à des activités criminelles et même au recrutement de terroristes" et dénonçant la "mondialisation de l'indifférence". "Une seconde voix est celle des victimes des conflits", notamment "dans des nations voisines qui sont marquées par une guerre atroce", a poursuivi le pape. "Une troisième voix est celle des jeunes", a conclu François, soulignant le succès des rencontres de jeunes orthodoxes, catholiques et protestants à Taizé en France.