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Syrie : les insurgés d'Alep réclament des armes

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Les opposants à Bachar al-Assad tentent toujours de prendre Alep, la deuxième ville du pays. Leur principale faiblesse : le manque de moyens. Les insurgés réclament des armes aux pays « frères ». « Vous nous regardez à la télévision mais vous ne nous aidez pas », s'insurge l'un d'eux.

En Syrie, la situation reste très tendue à Alep. Les opposants à Bachar al-Assad tentent toujours de prendre la 2ème ville du pays. La bataille a débuté il y a près d’une semaine. Ils auraient réussi à prendre ce week-end le quartier de Salahedinne. Des affrontements violents ont également eu lieu près de la citadelle de la ville historique, un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
En face, l’armée du régime utilise ses chars et des hélicoptères. Pour le ministre des affaires étrangères syrien, Walid al-Mouallem, Damas doit « éradiquer les terroristes ». Pour lui la Syrie est aujourd’hui la victime d’un complot mondial dont les agents sont dans la région. Les insurgés assurent eux qu’ils sont prêts à faire chuter le régime. Des insurgés conscients de leur principale faiblesse : le manque de moyens. Le Conseil National syrien demande donc désormais aux pays « frères » de lui envoyer des armes. Il réclame également une « no fly zone » une zone d’exclusion aérienne, comme cela avait été fait en Libye.

« Vous nous regardez à la télévision mais vous ne nous aidez pas »

Abour Nour, 27 ans, a rejoint les insurgés il y a 4 mois, il était enseignant. « Nous avons besoin d’armes. Nous ne voulons pas que vous veniez bombarder nos villes mais nous avons besoin d’armes, quelques armes comme des lance-roquettes, a-t-il déclaré à RMC. Avec ça, nous pourrions abattre les chars et les hélicoptères. Barack Obama et votre président ne font rien, ils ne font que parler. Vous nous regardez à la télévision mais vous ne nous aidez pas ».
Au niveau diplomatique, la situation semble toujours bloquée. Ce dimanche, l'Iran, principal allié régional de Damas, a estimé qu'une transition politique en Syrie n'était qu'une « illusion ». D'après l'OSDH ( observatoire syrien des droits de l'homme), il y a eu ce week-end 216 morts en tout dans le pays. François Hollande a appelé samedi le Conseil de sécurité de l'Onu à intervenir « le plus rapidement possible » pour empêcher que la Syrie ne sombre dans « le chaos » et la « guerre civile ». Il s'est adressé tout particulièrement à la Russie et à la Chine, qui se sont jusqu'ici opposées à tout projet de résolution condamnant le régime de Damas.

« Il faut être plus ferme contre le régime de Damas »

Pas suffisant pour l'ancien chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy juge que François Hollande, son successeur à l'Elysée, devrait être « beaucoup plus ferme » avec le régime syrien, selon des propos rapportés dans Le Parisien. « On m'a critiqué sur la Libye, mais moi au moins, j'ai agi », a-t-il déclaré. « Il faut être plus ferme contre le régime de Damas, beaucoup plus ferme ». Un avis partagé par Geoffroy Didier, conseiller régional UMP en Ile-de-France et créateur du mouvement "La droite forte" au sein de l'UMP : « La diplomatie de François Hollande est amorphe, estime-t-il. Il faut faire preuve d’un ton beaucoup plus offensif, il faut qu’il aille convaincre ses partenaires, il faut qu’il crée des alliances avec l’Allemagne pour que eux même aille exercer des pressions diplomatiques et économiques sur la Russie et la Chine qui ne veulent rien entendre mais ne faire qu’interpeller à distance ne vaut rien et ne résoudra aucun problème ».

« Le veto sino-russe empêche toute intervention »

Elisabeth Guigou, présidente à l’Assemblée de la commission sur les Affaires étrangères réaffirme la position du gouvernement : « M. Sarkozy est vraiment mal placé pour donner des leçons, lui qui a reçu Bachar al-Assad en grande pompe le 14 juillet 2008 à Paris juste après son élection et qui n’a cessé de le couvrir d’éloges.(…) Nous avons une position extrêmement ferme. Nous disons depuis que nous sommes aux responsabilités que Bachar al-Assad devra répondre de ses crimes devant la cour pénale internationale. Nous faisons tout ce que nous pouvons ».
Mais sans l’aval de l’ONU, difficile d’intervenir en Syrie. « François Hollande ne peut guère faire plus, explique Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie et directeur de l’Observatoire urbain à l’Institut français du Proche-Orient, puisqu’au conseil de sécurité de l’ONU, vous avez le double veto russe et chinois qui empêche toute intervention sous la bannière de l’ONU. Quant à intervenir en Syrie sans l’aval de l’ONU c’est quand même s’exposer à une grave crise internationale. »

La Rédaction, avec C.Martelet et A.Dubiez