Spotlight dénonce une nouvelle affaire d'abus sexuels de grande ampleur aux Etats-Unis

On commence à connaître, "Spotlight", la cellule d’investigation du Boston Globe. C’est cette escouade de journalistes qui a révélé en 2002 que 90 prêtres catholiques de la région de Boston s’étaient rendus coupables d’actes pédophiles, couverts par la hiérarchie de l’Eglise locale. Un film oscarisé vient d’ailleurs d’immortaliser cette enquête. Spotlight dévoile à présent un nouveau scandale d’abus sexuels de grande ampleur. Son cadre: les écoles privées de Nouvelle-Angleterre (dans le nord-est des Etats-Unis).
67 établissements sont concernés par des accusations d’agressions sexuelles ou de harcèlements de même nature depuis 1991. 90 actions ont déjà été intentées en justice depuis lors. Cependant, nombre des actes présumés sont frappés de prescription et ne pourront plus déboucher sur une sentence pénale mais seulement, dans le meilleur des cas, sur un arrangement au civil.
Les faits s'étalent sur 50 ans
Il faut dire que sur les plus de 200 victimes recensées par l’équipe "Spotlight" du Boston Globe, certaines rapportent des faits qui remonteraient aux années 50 bien que des témoignages recueillis par le journal évoquent des agressions au début des années 2000.
Le quotidien de ces écoles privées du nord-est des États-Unis peut en partie faire le jeu des agresseurs. Les élèves restent souvent plusieurs semaines consécutives dans ces établissements sans voir leur famille, et y passent du temps avec leurs enseignants en dehors des heures de cours. Personnel et étudiants sont hébergés sur place.
37 personnes ont déjà été contraintes de quitter leur poste
Une école est placée sous une lumière particulièrement crue par l’enquête: l’école Saint George à Middletown dans l’Etat du Rhode Island. Un entraîneur y avait été accusé en 2003 d’attouchements sexuels par onze élèves. La direction l’avait alors mis à pied, avant de lancer une enquête en interne. Elle avait cependant jugé qu’il n’y avait pas lieu de le poursuivre et l’avait même réintégré. Saint George n’a pas non plus jugé bon d’avertir l’école Taft où l’individu est parti, de lui-même, exercer en 2011.
D’autres établissements ont agi plus fermement à l’égard d’employés suspectés de faits similaires. Au moins 37 membres du personnel de ces établissements ont déjà été virés ou ont été poussées à la démission. Une vingtaine a plaidé coupable ou a été condamnée pour abus sur mineurs et pour des chefs d’accusation voisins.
Si elles sont de plus en plus nombreuses à sortir de leur mutisme aujourd’hui, beaucoup de victimes présumées ont gardé le silence pendant plusieurs décennies, prisonnières de leur humiliation. C’est le cas de Truman Reed Jr. qui quitte l’école de Deerfield en 1957 où, raconte-t-il en 2013, il a été violé à de nombreuses reprises par un professeur d’art plastique. En août dernier, Deerfield décide de verser 100.000 dollars au patrimoine de Reed. Malheureusement, la victime était morte depuis déjà 6 mois.