Sommet de l'UE: Hollande va-t-il convaincre Merkel ?

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Il va falloir se mettre d’accord et la tâche ne va pas être aisée. Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-sept pays de l’Union européenne se réunissent à Bruxelles de manière informelle pour préparer le sommet européen de juin prochain, où des décisions doivent être prises pour relancer la croissance dans la zone euro. Et le nouveau président français, François Hollande, arrive à Bruxelles avec plusieurs propositions.
Les 3 propositions d’Hollande pour relancer l’UE
Il va d’abord plaider pour la mise en place d'Euro-bonds, des obligations européennes qui permettent de mutualiser la dette entre les différents pays de la zone euro. Une forme de garantie solidaire à l’échelle européenne. Le chef de l’Etat français veut également que soient mis en place des project-bonds, des emprunts lancés en commun par plusieurs pays européens pour financer des grands travaux dans les pays les plus touchés par la crise. Enfin, François Hollande souhaite réformer la Banque centrale européenne (BCE), dont le rôle principal aujourd’hui est de limiter l'inflation. Le président français souhaiterait que demain, la BCE puisse aussi contribuer à la croissance, en prêtant directement de l’argent aux Etats membres à l’image de ce que fait la Réserve fédérale, son équivalent américain.
Angela Merkel, inflexible ?
Mais la mission la plus délicate pour François Hollande sera de convaincre la chancelière allemande Angela Merkel, chantre de l’orthodoxie budgétaire qui voit d’un très mauvais œil la possibilité de mutualiser les dettes des pays de la zone euro à travers les euro-bonds et project-bonds. Hors de question pour l’Allemagne de payer pour les « mauvais élèves ». Pour Berlin, cette mutualisation des dettes serait également un encouragement à l'endettement.
Pourtant, selon l’économiste Jean-Paul Fitoussi, il est essentiel qu’Angela Merkel « cède du terrain. Aucune politique d'austérité n'a pu conduire à la solution d'un problème de dette publique. Seule une politique de croissance est susceptible de remédier au problème majeur que l'Europe connaît, à savoir le chômage de masse. On ne peut pas accepter de vivre avec un taux de chômage des jeunes supérieur à 50% en Espagne et en Grèce, supérieur à 34% en Italie et atteignant les 30 % en France ». Au contraire, pour l’eurodéputé Alain Lamassoure, membre du Parti Populaire Européen (qui réunit les partis de droite) l’Allemagne est l’exemple à suivre : « Angela Merkel ne doit pas céder, explique-t-il sur RMC. Elle doit convaincre François Hollande qu'il faut le sérieux, l'assainissement budgétaire et le soutien des investissements d'avenir. L’Allemagne ne se limite pas à une gestion seulement rigoureuse. Les salaires ont commencé à y augmenter. C'est maintenant à la France d'Hollande de faire son travail et de remettre de l'ordre dans ses finances publiques ».
« Quand la survie de la zone euro est en jeu, les Allemands ont toujours été là »
Christian de Boissieu, professeur d'économie à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, se veut lui, optimiste quant aux chances de la France de faire évoluer la position apparemment inflexible de l’Allemagne : « Depuis le début de la crise dans la zone euro, fin 2009, les allemands ont été assez pragmatiques et ont avalé un certain nombre de couleuvres. Les allemands, ils commencent d'abord par dire non, presque par principe, et au bout de quelques mois, ils sont obligés de dire oui et d'accepter des compromis pour sauver leurs partenaires européens au bord du gouffre. Quand la survie de la zone euro est en jeu, les Allemands ont toujours été là. La France a raison de parler de croissance, et on y arrivera ».