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Procédure de destitution de Trump: qu'a-t-on appris au cours de l'enquête?

Donald Trump lors d'une réunion à la Maison Blanche, le 19 novembre 2019

Donald Trump lors d'une réunion à la Maison Blanche, le 19 novembre 2019 - Mandel Ngan - AFP

Après une enquête de plusieurs semaines, les démocrates votent ce mercredi la mise en accusation de Donald Trump, pour "abus de pouvoir" et "entrave au travail du congrès".

À l'issue de près de trois mois d'enquête sur l'affaire ukrainienne, les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, doivent voter ce mercredi la mise en accusation de Donald Trump. Cette assemblée se réunira dans la journée pour un débat de six heures dans le but de voter deux articles d'impeachment ("destitution" en français).

Ce vote, qui devrait être remporté par les démocrates, est attendu au plus tôt en fin d'après-midi. Donald Trump devrait donc devenir le troisième président de l'Histoire américaine mis en accusation au Congrès, après Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998. En 1974, Richard Nixon avait démissionné avant le vote de la Chambre.

"Abus de pouvoir" et "entrave au travail du congrès"

La commission judiciaire de la Chambre a approuvé le 10 décembre deux chefs de mise en accusation contre Donald Trump, après que plusieurs témoignages indirects de diplomates ou de responsables de l'administration ont évoqué des pressions de Donald Trump sur son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Selon les médias américains, 12 personnes ont été interrogées pendant 35 heures.

Le premier chef d'accusation dit que le président a commis un "abus de pouvoir" en demandant à un pays étranger, l'Ukraine, d'enquêter sur un rival politique - le candidat démocrate Joe Biden -, lors d'un appel le 25 juillet 2019. Le président mettrait ainsi en danger l'intégrité de l'élection présidentielle de novembre 2020. La Maison Blanche aurait exercé des pressions pour obtenir gain de cause notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en guerre avec la Russie.

Le second concerne une "entrave au travail du Congrès". Une fois l'affaire ukrainienne révélée, Donald Trump avait en effet interdit à ses conseillers de témoigner ou de fournir des documents. 

"Comme vous le savez, votre enquête sur la mise en accusation est absolument sans fondement", écrivait encore début décembre l'avocat de la présidence, Pat Cipollone, dans un courrier adressé à l'élu démocrate Jerry Nadler, président de la commission judiciaire de la Chambre.

Un coup de fil jugé "inhabituel" et non-approprié

Ces mises en accusation des démocrates sont l'aboutissement d'une enquête de plusieurs semaines, dont les conclusions avaient été publiées dans un rapport le 3 décembre. "L'enquête en destitution a montré que le président Trump, personnellement et par l'entremise d'agents dans et en dehors du gouvernement, a sollicité l'ingérence d'un pays étranger, l'Ukraine, pour favoriser sa campagne de réélection", est-il écrit dans le rapport.

Fin octobre, un responsable de la sécurité nationale à la Maison Blanche, qui avait écouté la conversation entre les présidents américain et ukrainien, avait fait part de ses préoccupations: "Je ne pensais pas qu'il était approprié d'exiger qu'un gouvernement enquête sur un citoyen américain, (...) tout cela porterait atteinte à la sécurité nationale des États-Unis".

La conseillère Jennifer Williams, qui avait également assisté au coup de fil, déclarait de son côté avoir trouvé "inhabituel l'appel téléphonique du 25 juillet car contrairement aux autres appels présidentiels que j'avais observés, il s'agissait d'une discussion qui relevait d'une question de politique intérieure".

Des déclarations menaçantes?

L'ambassadeur américain pour l'Union européenne, Gordon Sondland, avait livré le témoignage le plus embarrassant. L'homme d'affaires avait confirmé un "donnant-donnant": une invitation du président Zelensky à la Maison Blanche en échange de l'annonce d'ouverture d'enquêtes par l'Ukraine, selon les "ordres" de Donald Trump. Toutefois il avait précisé que le président Trump ne lui avait "jamais dit directement que l'aide" militaire faisait partie du marché, admettant avoir fait sa "propre déduction" en liant les deux affaires.

Parmi les témoins interrogés par les représentants, Marie Yovanovitch, ex-ambassadrice des États-Unis en Ukraine, limogée par le président américain. Elle avait déclaré se sentir "menacée" par les déclarations de ce dernier au président ukrainien. Donald Trump avait en effet dit à Volodymyr Zelensky qu'il "allait arriver des bricoles" à l'ex-ambassadrice. 

Pendant l'audition de Marie Yovanovitch, Donald Trump avait tweeté à plusieurs reprises, écrivant notamment que "partout où passe Marie Yovanovitch cela se passe mal". Des déclarations que la principale intéressée avait trouvées "très intimidantes".

Une "campagne de calomnies"

Depuis le début de l'enquête, la Maison Blanche dénonce une "campagne de calomnies". "L'imposture de l'enquête en destitution n'a produit 'aucune preuve' contre Donald Trump", avait répliqué la porte-parole de la présidence américaine, Stephanie Grisham à la publication du rapport.

Donald Trump a accusé ce mardi la chef des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, de "miner la démocratie" dans un courrier au vitriol. Si les démocrates ont la majorité à la Chambre des Représentants, Donald Trump ne devrait toutefois pas être destitué grâce au solide soutien des républicains, majoritaires au Sénat.

Salomé Vincendon avec AFP