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Poursuite des violences en Syrie malgré le plan de paix

Soldats syriens à Hula, près de Homs. Une répression meurtrière s'est à nouveau abattue vendredi sur des manifestants hostiles au président Bachar al Assad. Le ministère de l'Intérieur a laissé aux opposants une semaine à compter de samedi pour se rendre

Soldats syriens à Hula, près de Homs. Une répression meurtrière s'est à nouveau abattue vendredi sur des manifestants hostiles au président Bachar al Assad. Le ministère de l'Intérieur a laissé aux opposants une semaine à compter de samedi pour se rendre - -

par Khaled Yacoub Oweis AMMAN (Reuters) - Une répression meurtrière s'est à nouveau abattue vendredi sur des manifestants hostiles au président...

par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN (Reuters) - Une répression meurtrière s'est à nouveau abattue vendredi sur des manifestants hostiles au président Bachar al Assad en Syrie, rapportent des opposants, malgré l'acceptation par Damas d'un plan de paix de la Ligue arabe visant à faire cesser les violences.

Le ministère de l'Intérieur a laissé aux opposants une semaine à compter de samedi pour se rendre et bénéficier d'une amnistie, selon la télévision d'Etat.

Au lendemain de la mort de 22 personnes à Homs (centre), les forces de sécurité ont ouvert le feu dans plusieurs villes du pays, faisant au moins trois morts dans les rangs des manifestants, rapportent des militants.

Un manifestant a trouvé la mort à Kanaker, à 30 km au sud-ouest de Damas, et deux autres ont péri dans la ville de Homs où les chars ont recommencé à pilonner vers 04h00 du matin (02h00 GMT) le quartier de Bab Amro, important foyer de contestation du régime de Bachar al Assad, précisent ces militants.

Les forces de sécurité ne semblent pas avoir stoppé leurs opérations, deux jours après l'annonce du plan de paix, qui prévoyait l'évacuation des troupes déployées dans les villes, la libération des prisonniers politiques et l'ouverture de pourparlers avec l'opposition.

A Hama, important foyer de contestation situé à 240 km au nord de Damas, l'armée a tiré à balles réelles pour bloquer un cortège de plusieurs milliers de personnes.

"De nombreuses personnes sont tombées à terre après avoir été blessées par balles et nous craignons que certaines ne se relèvent pas", a indiqué Mohammad, un habitant de Kanaker, joint par téléphone.

A Deraa, trois manifestants ont été blessés à la sortie de la principale mosquée de cette ville du Sud, d'où est parti le mouvement de contestation populaire contre le régime mi-mars.

Dans la ville portuaire de Lattaquié, un militant a compté 13 véhicules de sécurité déployés autour de la mosquée d'Arsalan et a fait état d'au moins trois manifestants blessés lorsque les forces de sécurité ont tiré sur la mosquée de Bazar.

A Maarat al Numaan, l'armée bloquait les axes routiers et des tireurs d'élite ont pris position sur les toits.

RÉCITS DIVERGENTS SUR HOMS

Selon des militants locaux, dont les informations restent impossibles à vérifier de source indépendante, 22 personnes ont été tuées jeudi à Homs.

Un témoin dit avoir vu les cadavres de plusieurs dizaines de civils à l'hôpital national de Homs contrôlé par les forces de sécurité de Bachar al Assad.

L'agence de presse officielle Sana présente une lecture radicalement opposée des événements à Homs: "Les habitants de Homs condamnent les actes perpétrés par des terroristes armés."

L'agence cite le récit d'une femme affirmant que des hommes armés ont forcé les passagers d'un taxi collectif à sortir du véhicule, avant de voler leur argent et de tuer tous les hommes. "C'était une scène absolument horrible, j'avais l'impression de vivre un cauchemar", a expliqué Ikhlas Ashour, citée par Sana.

Toujours selon l'agence de presse officielle, treize soldats

ont été tués par "des gangs armés" à Homs, à Hama (centre) et dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest du pays.

Vendredi, les bombardements de chars à Homs ont eu lieu quelques heures avant les prières du vendredi, qui se transforment souvent en manifestations hostiles au régime.

Des activistes rapportent également l'arrestation de dizaines de personnes dans les banlieues de Douma et d'Harasta au nord de Damas. Des soldats effectueraient un raid à Mouadhamiyeh, un faubourg à l'ouest de la capitale.

VERS UN CONFLIT INTERRELIGIEUX ?

Ces dernières scènes de violence à Homs, où les chars sont entrés en action pour la deuxième journée de rang, illustrent la difficulté d'instaurer le plan de paix de la Ligue arabe.

En outre, on craint désormais que l'insurrection vire à un conflit interreligieux. Cette semaine, des violences ont visé des membres de la minorité alaouite, à laquelle appartient Bachar al Assad, qui ont répliqué en s'attaquant à des sunnites, qui représentent la majorité des 20 millions de Syriens.

Les opposants au régime estiment que seule une démission de Bachar al Assad peut restaurer la paix dans le pays.

"Nous avons vu la réponse sanglante du régime à l'initiative de la Ligue arabe avec l'intensification des bombardements à Homs", a déclaré Ahmad Ramadar, porte-parole du Conseil national syrien, principale force d'opposition syrienne.

Selon les autorités de Damas, les forces de sécurité combattent des activistes islamistes et des groupes armés qui auraient tué 1.100 soldats et policiers. D'après les Nations unies, la répression a fait plus de 3.000 morts.

Les sanctions occidentales et les critiques de plus en plus vives de la Turquie et des pays arabes voisins ont incité Damas à accepter le plan de résolution de la crise.

Jeudi, les Etats-Unis ont dit toutefois n'avoir aucune garantie que le plan serait appliqué par Damas. "A de très nombreuses reprises, le régime des Assad n'a pas respecté ses promesses et a les mains couvertes de sang", a déclaré la porte-parole du Département d'Etat, Victoria Nuland.

Jean-Stéphane Brosse, Benjamin Massot et Marine Pennetier pour le service français, édité par Gilles Trequesser