Poursuite des combats à Alep, conférence à Téhéran

De violents combats de rue se poursuivent jeudi pour la deuxième journée consécutive à Alep, où les insurgés syriens ont admis avoir dû céder du terrain aux forces gouvernementales dans le quartier stratégique de Salaheddine. /Photo prise le 9 août 2012/R - -
par Hadeel Al Shalchi
ALEP, Syrie (Reuters) - Les insurgés syriens ont admis jeudi avoir dû céder du terrain aux forces gouvernementales dans le quartier stratégique de Salaheddine, à Alep, théâtre de violents combats de rue depuis la veille.
A Téhéran, le gouvernement iranien a organisé une conférence internationale destinée officiellement à trouver une issue négociée au conflit mais plus probablement à former un front de soutien au régime de Damas.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a affirmé cette semaine que la chute brutale du président Bachar al Assad serait catastrophique et signifierait "l'éclatement" de la Syrie.
A l'ouverture de la réunion, retransmise à la télévision iranienne, il a rejeté toute intervention militaire étrangère en Syrie et a réclamé des discussions "sérieuses et approfondies" entre le gouvernement de Damas et l'opposition. "Le dialogue entre Syriens est le seul moyen de résoudre la crise", a-t-il dit.
A la frontière turque, l'afflux des réfugiés se poursuit. Ces deux derniers jours, plus de 2.000 personnes se sont présentées. Depuis le début de l'insurrection en mars 2011, plus de 50.000 Syriens se sont réfugiés en Turquie, selon les autorités d'Ankara. Ils sont accueillis dans neuf camps installés le long de la frontière.
A Alep, la capitale économique du pays et la deuxième ville de Syrie, "les combattants de l'Armée syrienne libre se sont retirés de certains secteurs de Salaheddine", a reconnu un commandant rebelle, Abou Ali. Les insurgés ont notamment abandonné deux rues qui marquaient la ligne de front, a-t-il précisé, mais ils se regroupent pour lancer une contre-attaque.
UNE TRENTAINE DE MORTS
Un autre combattant rebelle a affirmé que les combats avaient fait une trentaine de morts en deux jours.
Mercredi, les médias de Damas ont assuré que le quartier de Salaheddine avait été "nettoyé de ses terroristes". Ils ont précisé que les gouvernementaux avaient aussi lancé des attaques près de l'aéroport, au sud-est, et dans plusieurs quartiers de l'est de la ville.
Un appareil de l'armée de l'air a bombardé jeudi matin le village de Tel Rifaat, à 35 km au nord d'Alep, provoquant la panique dans la population, a rapporté un journaliste de Reuters.
A Téhéran, les autorités iraniennes ont voulu rassembler les représentants d'une quinzaine de pays "réalistes" sur le dossier syrien. La Russie a fait savoir qu'elle serait représentée par son ambassadeur à Téhéran mais on ignore quels sont les autres pays participants.
Selon la presse iranienne, la Chine devait également être représentée, ainsi qu'une quinzaine d'autres pays comme l'Irak, l'Algérie, le Tadjikistan, le Venezuela, le Pakistan, l'Inde et plusieurs membres de la Ligue arabe.
La Russie et la Chine se sont opposées depuis plusieurs mois au Conseil de sécurité des Nations unies à toute résolution condamnant le régime de Damas.
Dans une tribune publiée mercredi par le Washington Post, le chef de la diplomatie iranienne met en garde contre un renversement brutal de Bachar al Assad.
"UNE BELLE MOSAÏQUE"
"La société syrienne est une belle mosaïque d'ethnies, de religions et de cultures. Elle volera en éclats si le président Bachar al Assad tombe brutalement", écrit-il.
La conférence de Téhéran suscite le plus grand scepticisme dans les milieux diplomatiques occidentaux. "Le soutien de la République islamique au régime d'Assad semble bien peu compatible avec la recherche d'un compromis", a dit un diplomate occidental en poste à Téhéran.
La position de Téhéran est compliquée par la capture samedi dernier de 48 Iraniens par les rebelles en Syrie. La République islamique affirme que ce sont des pèlerins, tout en reconnaissant que certains d'entre eux sont des militaires ou des gardiens de la révolution à la retraite.
Les insurgés ont affirmé que trois de ces prisonniers avaient été tués par un bombardement aérien des gouvernementaux mais un responsable iranien a déclaré jeudi que tous étaient en vie et en bonne santé.
Mardi, alors que Salehi était à Ankara, le chef du Conseil suprême iranien de sécurité nationale, Saeed Jalili, était à Damas pour réaffirmer le soutien de Téhéran au président Assad.
A la suite de la défection de Ryad Hidjab, Assad a nommé jeudi à la tête du gouvernement le ministre de la Santé, Wael al Halki.
Mercredi soir, un bateau de pêche transportant 157 personnes, dont 124 Syriens fuyant la guerre dans leur pays, a été arraisonné au large des côtes méridionales de l'Italie et remorqué jusqu'au port de Crotone.
Guy Kerivel pour le service français, édité par Gilles Trequesser