Prise d'otages à Sydney: pourquoi l'Australie est-elle visée?

Un policier ferme l'accès à la route non loin du lieu de la prise d'otages à Sydney. - Peter Parks - AFP
"Nous ne connaissons pas encore les motivations du preneur d'otages" a mis en garde lundi le Premier ministre australien Tony Abbott. On sait toutefois qu'un homme, armé, vraisemblablement seul, retient des citoyens australiens dans un café de Sydney. Il aurait demandé à des otages de plaquer un drapeau musulman noir contre une fenêtre. Il ne s'agit pas d'un drapeau de l'Etat islamique comme cela a été annoncé au début, mais on peut y lire la "shahada", la profession de foi de l'islam:
"Il n'y a de Dieu qu'Allah et Mahomet est son prophète."
L'homme a affirmé avoir posé quatre bombes: deux dans le café et deux autres dans le quartier des affaires. Il aurait également, selon des médias, réclamé un drapeau de l'EI. Des informations que la police n'a pas confirmées. Qu'est-ce qui peut expliquer que l'Australie, souvent considérée comme éloignée des affaires du monde, soit devenue une cible?
La crainte de jihadistes australiens
Les Etats-Unis avaient annoncé au mois de septembre que 40 pays participeraient à leurs côtés à la coalition contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI). L'Australie avait alors décidé de s'impliquer officiellement et fortement avec la livraison d'armes, de matériel militaire et la mise en place d'aide humanitaire. Si aucun soldat n'a été envoyé sur le terrain pour combattre, des conseillers et formateurs militaires devaient être mis à contribution.
L'Australie, qui a relevé son niveau d'alerte en septembre et durci sa législation anti-terroriste fin octobre. Elle redoute la menace terroriste représentée par les combattants jihadistes australiens de retour d'Irak et de Syrie. D'après les estimations, plus de 70 Australiens combattent actuellement dans les rangs jihadistes dans ces zones. Au moins 20 Australiens y ont été tués et les autorités craignent que de plus en plus de jeunes Australiens ne se radicalisent et commettent des attentats sur le territoire australien. "Des réseaux islamistes en Australie, il y en a", confirmait ce lundi Alain Rodier, spécialiste du terrorisme, sur BFMTV.
Plusieurs attaques évitées
Le gouvernement australien multiplie depuis quelques mois les arrestations de personnes soupçonnées de soutenir l'organisation Etat islamique (EI) ou de faciliter le départ de jeunes Australiens pour combattre en Syrie ou en Irak. A plusieurs reprises, il a mis en garde la population contre les risques d'attentats de "loups solitaires" sur son sol.
Peu après l'annonce de la prise d'otages, la police a fait état d'une opération au célèbre Opéra de Sydney. Il s'agissait visiblement d'une alerte à la bombe sans rapport. Les représentations de la soirée ont été annulées.