Nucléaire: l'Iran accueille avec circonspection les engagements de l'UE

Le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zari - JOHN THYS / AFP
L'Iran a dit samedi attendre des mesures concrètes de la part des Européens pour décider si l'accord sur le nucléaire pouvait être sauvé, au premier jour d'une visite à Téhéran du commissaire européen à l'Energie, Miguel Arias Canete.
Miguel Arias Canete est le premier responsable occidental à être reçu dans la capitale iranienne depuis la décision des États-Unis de se retirer de l'accord historique signé en 2015 entre Téhéran et six grandes puissances afin de limiter le programme nucléaire iranien.
Washington réimposera des sanctions économiques à l'Iran et aux entreprises étrangères qui auraient des liens avec ce pays, forçant ainsi certaines sociétés, notamment européennes, à renoncer à leurs investissements en Iran.
Dérogation
Le géant français de l'énergie Engie (ex-GDF Suez) a annoncé samedi qu'il se désengagera de ses activités d'ingénierie en Iran d'ici au mois de novembre afin d'éviter les sanctions. Le groupe pétrolier Total avait lui indiqué mercredi qu'il ne mènerait pas à terme un grand projet gazier s'il n'obtient pas une dérogation de Washington.
L'UE a indiqué cette semaine chercher "des solutions pratiques pour permettre à l'Iran de continuer ses ventes de pétrole et de gaz, poursuivre ses transactions bancaires, maintenir les liaisons aériennes et maritimes".
L'euro va ainsi devenir la devise pour les transactions sur le pétrole iranien, réglées via des transferts entre les Banques centrales européennes et la Banque centrale iranienne.
Des assurances seront souscrites dans les Etats européens importateurs pour les cargaisons, comme cela se fait en Grèce, en France et en Italie, a expliqué Miguel Arias Canete Canete à l'issue d'une réunion avec le ministre du Pétrole, Bijan Namdar Zanghaneh.
"Beaucoup de possibilités"
Préserver l'accord nucléaire est "fondamental pour la paix dans la région", a soutenu le commissaire européen lors d'une rencontre avec le vice-président iranien Ali Akbar Salehi.
L'Iran a menacé de relancer son programme d'enrichissement d'uranium à un "niveau industriel". "Nous avons beaucoup de possibilités et de combinaisons possibles" pour cette décision, a souligné Ali Akbar Salehi, qui dirige aussi l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA).
"La balle est dans le camp de l'Union européenne", a-t-il résumé lors d'un entretien avec des journalistes accompagnant Miguel Arias Canete, réaffirmant l'opposition de l'Iran à toute renégociation de l'accord de 2015.
Tâche difficile
L'accord nucléaire de 2015 vise à faciliter les échanges commerciaux avec l'Iran et à relancer son économie, en levant de lourdes sanctions internationales en échange d'un engagement de Téhéran à limiter ses activités nucléaires.
Le président américain Donald Trump juge le texte trop laxiste sur l'aspect nucléaire, et estime qu'il ne s'attaque pas aux missiles balistiques de Téhéran. Téhéran refuse toute négociation sur le programme balistique du pays.