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Moyen-Orient

Yémen: un Roméo et Juliette des temps modernes

Une jeune Yéménite manifeste son soutien à Houda, devant le tribunal de Sanaa, dimanche 24 novembre. Sur son front, le slogan "Nous sommes tous Houda".

Une jeune Yéménite manifeste son soutien à Houda, devant le tribunal de Sanaa, dimanche 24 novembre. Sur son front, le slogan "Nous sommes tous Houda". - -

Amoureuse d'un Yéménite, une Saoudienne de 22 ans a fui son pays pour retrouver l'élu de son cœur, contre l'avis de sa famille, avant de se retrouver face à la justice.

L'histoire, qui rappelle la célèbre tragédie de Shakespeare, aurait pu très mal se terminer. Houda al-Niran, une jeune Saoudienne de 22 ans, s'est retrouvée dimanche face à un tribunal de Sanaa, la capitale du Yémen, après avoir été arrêtée en situation irrégulière et placée en prison. La jeune femme avait pénétré illégalement dans ce pays voisin du sien, dans le but de retrouver son bien-aimé, Arafat Mohamed Tahar, un Yéménite de 25 ans, fuyant sa famille qui s'opposait à leur mariage.

Face à la justice, Houda la Saoudienne a tenté d'obtenir le droit de rester au Yémen afin de pouvoir épouser l'élu de son cœur. Alors que sa cause semblait perdue d'avance, la jeune femme a été libérée et placée sous la protection du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies.

"Nous sommes tous Houda"

Dans les deux pays, tous deux très conservateurs, l'histoire de cette femme désobéissant à la morale pour rejoindre son amant a défrayé la chronique. Ce qui n'a pas empêché de nombreux Yéménites de manifester, dimanche devant le tribunal, en guise de soutien à celle qui a osé fuir, en arborant des foulards sur lesquels on pouvait lire "Nous sommes tous Houda".

Risquant l'expulsion vers l'Arabie saoudite, et le rejet de sa famille, la jeune femme a refusé l'avocat proposé par l'ambassade saoudienne, mais a accepté l'aide d'un avocat yéménite mandaté par une ONG, qui a estimé qu'il s'agissait d'un "cas humanitaire".

Placée sous protection du HCR

Mais contre toute attente, Houda al-Niran a été libérée ce mardi, sur l'ordre du tribunal de Sanaa, avant d'être placée pour trois mois dans un foyer du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et ce alors que le procès avait été repoussé au 1er décembre. La défense de la jeune femme est en effet parvenue à convaincre les juges des menaces pesant sur sa vie, quelques jours après que l'ONG Human Rights Watch a appelé les autorités yéménites à ne pas la renvoyer en Arabie saoudite.

Au cours de ces trois mois sous protection du HCR, Houda devrait réussir à obtenir le statut de réfugiée qu'elle réclamait et qui lui permettra d'épouser Arafat. Accusé d'avoir aidé sa future épouse à pénétrer illégalement au Yémen, Arafat, lui, a finalement été acquitté. L'histoire, qui aurait pu connaître une fin tragique, se termine bien: les tourtereaux se sont mêmes vus offrir une maison dans un quartier huppé de Sanaa, par un chef tribal yéménite.

Adrienne Sigel et avec AFP