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Moyen-Orient

Paris va sécuriser le dispositif militaire en Afghanistan

Nicolas Sarkozy sur la base de Tora, en Afghanistan, mardi dernier. Le président a convoqué ce jeudi un conseil pour réorganiser les conditions de sécurité des forces françaises en Afghanistan après la mort, mercredi matin de cinq soldats dans un attentat

Nicolas Sarkozy sur la base de Tora, en Afghanistan, mardi dernier. Le président a convoqué ce jeudi un conseil pour réorganiser les conditions de sécurité des forces françaises en Afghanistan après la mort, mercredi matin de cinq soldats dans un attentat - -

CLAMART, Hauts-de-Seine (Reuters) - Nicolas Sarkozy a convoqué ce jeudi un conseil pour réorganiser les conditions de sécurité des forces françaises...

CLAMART, Hauts-de-Seine (Reuters) - Nicolas Sarkozy a convoqué ce jeudi un conseil pour réorganiser les conditions de sécurité des forces françaises en Afghanistan face au "nouveau contexte" créé par les attaques "terroristes".

Cinq soldats français ont été tués mercredi matin et quatre autres grièvement blessés dans un attentat à la bombe dans la province de Kapisa, dans l'est de Afghanistan, portant à 69 le nombre de soldats tués dans le pays depuis fin 2001.

Le président français et l'état-major estiment que les insurgés, qui ne parviendraient plus à mener des attaques directes, se rabattent sur des attentats suicide contre lesquels le dispositif français peut difficilement se défendre.

"Je réunirai à midi aujourd'hui un conseil de sécurité avec le Premier ministre, le ministre de la Défense, le chef d'état-major des armées pour que nous organisions les nouvelles conditions de sécurité de travail de nos soldats dans la période de transition qui s'ouvre entre aujourd'hui et le départ des forces françaises d'Afghanistan", a déclaré Nicolas Sarkozy.

"Il y a donc un nouveau contexte et, face à ce nouveau contexte, il faut de nouvelles mesures de sécurité", a-t-il ajouté après une visite aux soldats blessés en Afghanistan à l'hôpital des armées de Percy à Clamart (Hauts-de-Seine).

L'armée américaine a déjà largement réorganisé son dispositif en Afghanistan face aux attentats kamikaze et sort peu des fortins placés sous haute sécurité, ce qui pourrait être une des réponses françaises face au changement de la menace.

UN 14-JUILLET ENDEUILLÉ

Nicolas Sarkozy avait confirmé mardi, lors d'une visite de la base avancée de Tora, dans le secteur de Surobi, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Kaboul, le retrait d'un millier de soldats français d'Afghanistan d'ici fin 2012, soit le quart des effectifs militaires déployés par la France dans ce pays.

Il avait indiqué que les effectifs restants seraient concentrés en Kapisa en attendant le départ de toutes les unités de combat françaises d'Afghanistan d'ici fin 2014.

Les soldats français tués en Afghanistan mercredi protégeaient une assemblée de notables ("shura") à Joybar, dans la vallée de Tagab, quand un kamikaze a déclenché sa bombe.

"Ce qui s'est passé est d'autant plus inadmissible que les soldats français étaient dans une assemblée d'un village pour permettre la réconciliation des différentes factions afghanes, pour favoriser les conditions de développement, pour que la vie puisse reprendre et nous sommes maintenant davantage face à des actions de type terroriste que seulement des actions militaires", a expliqué Nicolas Sarkozy.

"C'est un jour de deuil pour l'armée française, pour la nation française", a-t-il ajouté avant d'assister au traditionnel défilé militaire du 14-Juillet. "Bien sûr nous leur dédions cette fête nationale, même si celle-ci est cruellement endeuillée par ce qu'il s'est passé."

Le Premier ministre, François Fillon, a assuré mercredi que les soldats français défendaient en Afghanistan une cause juste.

Mais, pour Martine Aubry, candidate aux primaires socialistes, cette nouvelle tragédie "montre l'urgence d'un plan précis et concerté de retrait de nos troupes d'Afghanistan".

"En l'absence de règlement politique, la présence militaire de la coalition expose gravement nos soldats sans perspective de solution. Il est temps de mettre fin à cette impasse, comme je le demande depuis longtemps", écrit-elle dans un communiqué.

Les pertes de mercredi sont parmi les plus graves que les troupes françaises aient subi en une fois en Afghanistan.

L'attaque est aussi la plus meurtrière subie par les forces étrangères en Afghanistan depuis 2008, lorsque dix soldats sous commandement de l'Otan avaient été tués lors d'une bataille rangée contre les taliban. Depuis le début du conflit, fin 2001, plus de 2.500 soldats étrangers ont péri sur le théâtre afghan.

Audrey Minelli et Yves Clarisse, édité par Olivier Guillemain