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Moyen-Orient

Le projet de résolution sur la Syrie va-t-il assez loin ?

Les Européens ont relancé lundi leur projet de résolution condamnant la répression du mouvement de contestation en Syrie à l'occasion d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. /Photo d'archives/REUTERS/Mike Segar

Les Européens ont relancé lundi leur projet de résolution condamnant la répression du mouvement de contestation en Syrie à l'occasion d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. /Photo d'archives/REUTERS/Mike Segar - -

Les Européens ont relancé lundi leur projet de résolution condamnant la répression du mouvement de contestation en Syrie à l'occasion d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies.

Si l'évolution de la situation en Syrie semble avoir fait quelque peu bouger les lignes au Conseil de sécurité, les diplomates s'opposent toujours sur la nécessité d'adopter une résolution ou d'opter plutôt pour une simple déclaration, d'une moindre portée. Cette réunion à huis clos avait été réclamée par l'Allemagne pour débattre de la situation en Syrie à la suite de l'assaut lancé ce week-end par les forces syriennes à Hama, un des foyers de la contestation contre le régime de Bachar al Assad, où les bombardements se poursuivaient lundi soir. Les pays européens en ont profité pour présenter une version révisée de leur projet de résolution condamnant la répression menée par le régime syrien. Ce texte est bloqué depuis le début du mois de juin du fait de l'opposition de la Russie et de la Chine.

D'autres pays membres du Conseil de sécurité, dont le Brésil, l'Inde et le Liban, ont également freiné les discussions. Ils redoutent qu'une condamnation du régime syrien constitue une première étape sur la voie d'une intervention militaire occidentale en Syrie, à l'image de ce qui s'est produit en Libye."J'ai observé une certaine convergence de pensée et de préoccupation face à l'escalade de la violence", a déclaré à la presse l'ambassadeur indien Hardeep Singh Puri, qui assure ce mois-ci la présidence tournante du Conseil de sécurité. "Les membres du Conseil ont tous le sentiment que le Conseil devrait se saisir de la situation et se prononcer le cas échéant", a-t-il ajouté.

« Il faut criminaliser Bachar El-Assad en personne »

Pour Abdelhamid Al Atassi, représentant du parti démocratique syrien en France, ce projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU ne va pas assez loin : « C’est pas sérieux ça ! 2000 victimes, des femmes, des enfants, des vieillards et tous c’est des civils ! Il faut vraiment criminaliser Bachar El-Assad en personne et toute la clique dirigeante et les chefs militaires qui ont donné l’ordre de dresser l’armée contre la population. Il doit être jugé Bachar pour cela. Que le Conseil prenne une décision pour dire que les actions qui sont faites par le régime syrien c’est des crimes de guerre comme celle qui a sanctionnée les dirigeant yougoslave ».

Tchourkine : une résolution serait « quelque peu excessive »

L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine, estimant qu'un terrain d'entente était possible, a laissé entendre que le Conseil de sécurité pourrait agir mardi, mais a estimé qu'une résolution stricto sensu serait "quelque peu excessive" alors qu'une déclaration officielle du président du conseil appelant à l'arrêt des violences et à une solution politique pacifique serait "satisfaisante".

Avant la réunion, l'ambassadeur de Grande-Bretagne à l'Onu, Mark Lyall Grant, estimait que le massacre de Hama, où plus de 80 civils auraient été tués depuis dimanche, était de nature à modifier l'attitude du Conseil de sécurité. L'ambassadeur allemand Miguel Berger avait appelé pour sa part "les membres du Conseil de sécurité qui étaient réticents à soutenir une résolution à reconsidérer leur position". A Washington, le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner, a déclaré qu'il importait que le Conseil de sécurité adresse "un message fort et unanime à Assad et à son régime". De sources diplomatiques, on indique que la version révisée du projet de résolution des Européens est similaire au texte initial, l'actualisant simplement avec les événements les plus récents mais ne comportant aucune référence à des sanctions contre la Syrie ni à une saisine de la Cour pénale internationale (CPI).

L'attaque de Hama a débuté dimanche, veille du début du ramadan, après un siège de près d'un mois. En 1982, cette ville avait déjà été la cible de l'armée syrienne lors de la répression d'un soulèvement des Frères musulmans ordonné par Hafez al Assad, le père de l'actuel président. L'intervention des blindés avait fait entre 20.000 et 30.000 morts.

« Il y a des gamins de 13 ans torturés jusqu’à la mort »

Florence Golzan est activiste syrienne vivant à Paris. Elle manifeste à Paris tous les jours depuis 2 semaines "avec le collectif urgence solidarité Syrie". Elle aussi trouve que le projet de résolution ne va pas assez loin, que « ce n’est pas suffisant. Premièrement, qu’il condamne Bachar El-Assad. C’est un homme qui a fait des crimes contre l’humanité. Il faut le condamner par la Cour Pénale International et juger les responsables du massacre. Jusqu'à maintenant, c’est ce qui se passe avec la Yougoslavie. C’est un régime barbare. Il y a des gamins de 13 ans torturés jusqu’à la mort. Ce régime la veut garder le pouvoir à n’importe quel prix ».

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