Mort de Ben Laden : quel sort pour les otages français ?

Pierre Legrand, l'un des 4 otages français enlevés au Niger en septembre 2010 par Aqmi. - -
Gérard Longuet, le ministre de la défense, assure que la mort d'Oussama Ben Laden peut jouer un rôle positif pour le sort d’Hervé Ghesquière et de Stéphane Taponier, les 2 journalistes de France 3 enlevés en Afghanistan depuis 489 jours. Et pour la situation des 4 otages détenus dans le Sahel par Aqmi (Al-Qaida au Maghreb Islamique), le ministre parle d'une « extrême sensibilité ».
« Ces gens sont imprévisibles, insaisissables et incontrôlables »
« Surpris » par la déclaration du ministre de la Défense, Dominique Gerbaud, le président de Reporters sans Frontière, prône la prudence : « S’inquiéter non, mais prendre un peu du recul et ne pas trop se précipiter, oui. Il [ndlr, Gérard Longuet] semble penser que ça va débloquer certaines choses. Moi je serai plus prudent, parce que bien sûr les ravisseurs ne se revendiquent pas de la mouvance de Ben Laden, mais on sait que ces gens-là sont complètement imprévisibles, insaisissables et incontrôlables. »
« Aqmi peut vouloir frapper les esprits et venger Ben Laden »
En Afrique, certains craignent une radicalisation d’Aqmi et parlent d'une mauvaise nouvelle dans les négociations pour la libération des 4 Français. Pour le moment, les ravisseurs n'ont pas rompu les négociations, a déclaré un membre de la médiation composée de Maliens et de Nigériens. Mais Aqmi pourrait durcir le ton, explique Isselmou Ould Moustapha, journaliste à Nouakchott en Mauritanie, spécialiste de l'islamisme radical au Sahel : « Aqmi peut vouloir frapper les esprits et venger Ben Laden ; elle lui a quand même prêté allégeance. Il se peut qu’Aqmi s’en prenne à un ou deux otages, parce qu’il est hors de question qu’elle s’en prenne à tout le stock – excusez-moi le terme – ; à quoi cela lui servirait-il de s’en prendre aux 4 otages français ? Elle perdrait un moyen de pression extrêmement important. Al-Qaida peut aussi réviser sa stratégie et se dire que si les Etats-Unis ont pu atteindre Ben Laden au Pakistan, ils peuvent bien atteindre les chefs d’Aqmi dans le Sahara-Sahel. »
« Pas de conséquences négatives pour ces "otages marchandises" »
Soulignant que « l’exécution des 4 otages […] déboucherait sur une violence généralisée », André Bourgeot, chercheur émérite au CNRS, spécialiste du Niger, reste confiant : « Je ne pense pas qu’il puisse y avoir des conséquences négatives, comme une exécution de ces otages, parce que ce sont des otages marchandises, qui ont une valeur marchande. On croit savoir que l’estimation du marchandage pour la libération des otages, est de 90 millions d’euros. C’est un aspect non négligeable. Mais l’aspect le plus important, qui a toujours été revendiqué par Aqmi, c’est le retrait des troupes françaises en Afghanistan. »