Mohamed Morsi entreprend de former un gouvernement en Egypte

Première allocution télévisée de Mohamed Morsi après la proclamation de sa victoire à l'élection présidentielle en Egypte. Le président élu égyptien Mohamed Morsi, qui était le candidat des Frères musulmans, entame ce lundi la formation d'un gouvernement - -
par Edmund Blair et Alastair Macdonald
LE CAIRE (Reuters) - Le président élu égyptien Mohamed Morsi entame ce lundi la formation d'un gouvernement civil, au lendemain de l'annonce par la commission électorale de sa victoire au second tour de la présidentielle, par 51,7% des voix face à Ahmed Chafik.
En coulisse, des tractations sont déjà en cours entre les islamistes et les généraux pour surmonter les profondes dissensions apparues ce mois-ci après la décision du Conseil suprême des forces armées (CSFA) de rogner fortement les pouvoirs du premier chef de l'Etat élu librement en Egypte.
Place Tahrir, au centre du Caire, la foule réunie a laissé éclaté sa joie une bonne partie de la nuit de dimanche à lundi, après l'annonce de la victoire de Morsi, qui devance Ahmed Chafik, ancien Premier ministre de Hosni Moubarak, de 880.000 voix.
Mohamed Morsi, ingénieur de 60 ans qui était le candidat des Frères musulmans, s'est engagé dès dimanche soir dans une allocution à être "le président de tous les Egyptiens". Il a réaffirmé qu'il respecterait les traités internationaux - geste en direction d'Israël qui craint pour l'avenir de l'accord de paix de 1979, mais aussi en direction de l'armée égyptienne, à qui une importante aide américaine est accordée annuellement à condition que le traité soit respecté.
A la veille de la présidentielle fin mai, le CSFA, aidé en cela par un appareil judiciaire hérité de l'ère Moubarak, a dissous le parlement et s'est arrogé le pouvoir législatif ainsi que la mission de former la commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution.
ELBARADEÏ PREMIER MINISTRE ?
De hauts responsables des Frères musulmans ont déclaré qu'ils avaient négocié au cours de la semaine écoulée afin de convaincre l'armée de revenir dans une certaine mesure sur ces décisions.
"Le président Morsi et son équipe sont en pourparlers avec le Conseil suprême des forces armées pour rétablir le Parlement élu, ainsi que sur d'autres questions", a déclaré lundi à Reuters Essam Haddad, haut responsables des Frères.
De source proche des Frères musulmans, on déclarait à Reuters espérer que le CSFA rétablisse pour partie le Parlement dans ses fonctions et fasse d'autres concessions, moyennant quoi Mohamed Morsi nommerait un gouvernement et une administration présidentielle à même d'être acceptés par l'armée, notamment en faisant appel à des personnalités de l'ensemble de l'échiquier politique.
Des responsables de l'armée ont confirmé que des discussions avaient eu lieu ces derniers jours.
Selon certains responsables des Frères, le mouvement islamiste a approché le laïc réformiste Mohamed ElBaradeï, ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et lauréat du prix Nobel de la paix, pour qu'il assume une haute fonction, peut-être celle de Premier ministre. ElBaradeï n'a pas commenté pour l'heure ces informations.
L'armée, quoi qu'il en soit, veut que Mohamed Morsi soit investi dans ses fonctions au 30 juin, ce qui lui permettra de respecter la date butoir du 1er juillet fixée pour la restitution du pouvoir aux civils.
Eric Faye pour le service français