Mitt Romney durcit le ton sur le nucléaire iranien

Mitt Romney, le rival républicain de Barack Obama à l'élection présidentielle américaine de novembre prochain, a été reçu dimanche par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et a estimé que tout devait être fait pour empêcher l'Iran de développe - -
par Steve Holland
JERUSALEM (Reuters) - Mitt Romney, le rival républicain de Barack Obama à l'élection présidentielle américaine de novembre prochain, a été reçu dimanche par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et a estimé que tout devait être fait pour empêcher l'Iran de développer l'arme nucléaire.
L'un de ses conseillers a indiqué que Mitt Romney soutiendrait une attaque militaire israélienne si toutes les autres options étaient épuisées, mais le candidat républicain n'est pas allé jusqu'à le dire lui-même.
Lors d'un discours de politique étrangère prononcé à Jérusalem, Mitt Romney a exprimé son ferme soutien à l'alliance entre les Etats-Unis et Israël, semblant suggérer que le président Barack Obama avait laissé s'étioler cette relation.
"Nous ne pouvons rester silencieux alors que ceux qui cherchent à saper Israël expriment leurs critiques. Et nous ne devrions certainement pas nous joindre à ces critiques. La prise de distance diplomatique en public entre nos nations encourage les adversaires d'Israël", a déclaré le candidat républicain devant les murs de la vieille ville.
L'ancien gouverneur du Massachusetts a entrepris une tournée à l'étranger visant à renforcer sa stature internationale dans la course à la Maison blanche.
"Nous devrions employer toutes les mesures quelles qu'elles soient pour détourner le régime iranien de sa course nucléaire, et nous espérons ardemment que les mesures diplomatiques et économiques y parviendront. Au bout du compte, bien entendu, aucune mesure ne devrait être exclue. Nous reconnaissons le droit d'Israël à se défendre lui-même et il est bon pour l'Amérique d'être à vos côtés", a ajouté Mitt Romney.
EN DÉSACCORD AVEC OBAMA
En dépit d'un ton agressif, le candidat républicain n'est pas allé aussi loin que son conseiller en politique étrangère, Dan Senor, qui avait déclaré dans la journée : "Si Israël prend la responsabilité d'agir en vue d'empêcher l'Iran de développer ses capacités (nucléaires), on respectera cette décision".
Le candidat républicain a cependant refusé de répéter les propos de son conseiller alors qu'il était interviewé par la chaîne de télévision CBS.
"Et bien je pense qu'étant sur un sol étranger, je ne veux pas créer une nouvelle politique étrangère pour mon pays ou me distancer d'une quelconque façon de la politique étrangère de notre nation. Mais nous respectons le droit d'une nation à se défendre elle-même", a précisé Mitt Romney.
Dans le bureau du Premier ministre israélien, au début de leur entretien dimanche, Mitt Romney a simplement déclaré qu'il prenait "très au sérieux" les efforts de l'Iran pour devenir une puissance nucléaire.
Les déclarations de Dan Senor placent le candidat républicain en désaccord avec les efforts de Barack Obama pour dissuader Israël de recourir à toute attaque préventive avant que les sanctions économiques décidées par les Occidentaux contre l'Iran ne produisent leurs effets.
Tout en n'excluant aucune piste, l'administration Obama privilégie la voie diplomatique et les sanctions économiques pour dissuader Téhéran d'acquérir l'arme atomique.
Benjamin Netanyahu, pour sa part, a une nouvelle fois réclamé un renforcement des sanctions internationales contre Téhéran, soupçonné depuis plusieurs années de vouloir se doter de l'arme nucléaire, et a plaidé pour une plus grande fermeté de la communauté internationale. L'Iran soutient pour sa part que son programme nucléaire est à visée civile.
MAGNAT DES CASINOS
"Nous devons bien reconnaître que les sanctions n'ont pas fait bouger d'un iota les Iraniens sur leur programme nucléaire. Pour avoir une chance que cela change, il faut brandir la menace militaire en plus des sanctions", a-t-il affirmé.
Israël, tenu pour être le seul Etat du Moyen-Orient à détenir l'arme nucléaire, a prévenu que ce n'était qu'une question de temps avant que le programme nucléaire iranien n'atteigne une "zone d'immunité" qui rendront les équipements d'enrichissement d'uranium, enterrés profondément sous terre, invulnérables à tout bombardement.
Cherchant visiblement à éclipser la visite de son rival dans l'Etat hébreu, Barack Obama a signé vendredi une loi visant à renforcer la coopération militaire entre les Etats-Unis et Israël. Son secrétaire à la Défense, Leon Panetta, devrait également se rendre en Israël dans la semaine.
Après sa rencontre avec Benjamin Netanyahu, Mitt Romney a vu le président Shimon Peres, le chef de l'opposition israélienne Shaul Mofaz et le Premier ministre palestinien Salam Fayyad. Il s'est ensuite rendu au mur des Lamentations, le lieu le plus sacré du judaïsme.
La journée de Mitt Romney lundi en Israël sera l'occasion d'un gala de collecte de fonds dans un grand hôtel de Jérusalem en présence notamment d'Américains juifs, dont Sheldon Adelson, magnat des casinos de Las Vegas qui fut longtemps le principal soutien de Newt Gingrich, candidat malheureux à l'investiture républicaine. Mitt Romney doit poursuivre sa tournée internationale par la Pologne.
La première étape de ce déplacement, à Londres, a été parasitée par sa gaffe sur les Jeux olympiques. Après avoir exprimé des doutes sur le degré de préparation de la capitale britannique, et essuyé les reproches du Premier ministre David Cameron, il a dû faire machine arrière.
Henri-Pierre André, Benjamin Massot, Guy Kerivel et Juliette Rabat pour le service français