Mali: la France tue un chef jihadiste, commanditaire d'enlèvements de Français

Un convoi de l'armée française sur la route entre Gossi et Gao, au Mali, en février 2013. (photo d'illustration) - Pascal Guyot - AFP
Il était l'un des plus importants dirigeants jihadistes au Sahel. La France a affirmé ce jeudi avoir porté "un coup très dur" aux jihadistes dans la bande sahélo-saharienne en tuant, lors d'un raid militaire au Mali, un de leurs principaux chefs, dont la tête était mise à prix par les Etats-Unis.
Membre fondateur du Mujao et chef d'al-Mourabitoune
L'opération, menée par les forces françaises dans la nuit de mercredi à jeudi dans la région de Gao (nord), a permis la "neutralisation d'une dizaine de membres d'un groupe armé terroriste, dont Ahmed el Tilemsi", a annoncé à Paris le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l'état-major des Armées.
Le Malien Ahmed el Tilemsi (nom de guerre d'Abderrahmane Ould el Amar) était membre fondateur du groupe jihadiste Mujao et "émir" (chef) du mouvement al-Mourabitoune au Mali, a précisé l'officier. Il a été tué et les autres hommes visés ont été mis "hors de combat", c'est-à-dire abattus ou fait prisonniers, a-t-il ajouté.
"Nous avons porté un coup très dur aux activités d'al-Mourabitoune et aux terroristes qui agissent dans la bande sahélo-saharienne", s'est félicité le colonel Jaron. "Ahmed el Tilemsi était une cible de haute valeur. Nous le traquions depuis plusieurs jours", a ajouté une source gouvernementale française, assurant que le raid n'était pas lié à la libération de l'otage français Serge Lazarevic, intervenue mardi au Mali.
Le commanditaire d'enlèvements de Français
Selon cette source, ce jihadiste était le commanditaire de l'enlèvement en novembre 2012 de Gilberto Rodrigues Leal, un autre otage français au Mali, dont la mort a été annoncée en avril mais le corps jamais retrouvé. Le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) avait alors revendiqué son kidnapping.
"D'après nos informations, Ahmed el Tilemsi aurait aussi participé aux enlèvements des Français Antoine de Leocour et Vincent Delory le 7 janvier 2011 à Niamey (Niger)", a indiqué un responsable français sous couvert d'anonymat. Ces deux jeunes gens avaient été tués le lendemain en territoire malien lors d'une intervention militaire franco-nigérienne destinée à les secourir.
Cinq millions de dollars de récompense
Le groupe islamiste radical Mujao a fusionné en août 2013 avec le mouvement des Signataires par le sang de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, ex-chef d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et cerveau de la prise d'otages meurtrière sur le site gazier algérien d'In Amenas.
Cette fusion a abouti à la création d'un nouveau groupe, baptisé al-Mourabitoune, qui avait revendiqué un attentat suicide dans lequel un soldat français a été tué le 14 juillet, jour de la fête nationale française, dans la région de Gao.
En juin, les Etats-Unis avaient offert jusqu'à cinq millions de dollars de récompense pour toute information qui conduirait à l'arrestation de el Tilemsi et de Hamad al-Khairi, autre cofondateur du Mujao. Les deux hommes figurent sur la liste noire américaine des "terroristes internationaux".