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Les kirghizes ont voté pour la démocratie, dit roza otounbaïeva

Dans un bureau de vote de Bichkek, lors du dépouillement. Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote d'un référendum organisé au Kirghizistan sur fond de violences ethniques, Roza Otounbaïeva, la présidente par intérim, a estimé que la victoir

Dans un bureau de vote de Bichkek, lors du dépouillement. Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote d'un référendum organisé au Kirghizistan sur fond de violences ethniques, Roza Otounbaïeva, la présidente par intérim, a estimé que la victoir - -

par Maria Golovnina et Dmitri Soloviov BICHKEK/OCH, Kirghizistan (Reuters) - Les Kirghizes ont voté pour l'instauration de la première démocratie...

par Maria Golovnina et Dmitri Soloviov

BICHKEK/OCH, Kirghizistan (Reuters) - Les Kirghizes ont voté pour l'instauration de la première démocratie parlementaire d'Asie centrale, a estimé dimanche la présidente par intérim du pays, quelques heures après la fermeture des bureaux de vote d'un référendum organisé sur fond de violences ethniques.

Pour Roza Otounbaïeva, le Kirghizistan est en marche vers une "véritable démocratie du peuple" et la victoire du "oui" à cette réforme constitutionnelle ne fait nul doute, même si les premiers résultats ne sont attendus que dans la soirée de dimanche, ou même lundi.

"Nous pensons que le référendum est valide. La nouvelle Constitution de la République kirghize a été approuvée", a-t-elle déclaré à l'occasion d'une conférence de presse.

"Nous sommes fiers de notre peuple. Nous sommes fiers de notre pays qui a fait ce choix dans ce moment si difficile", a ajouté la présidente par intérim.

Selon la commission électorale, le taux de participation à ce scrutin s'est établi à 57,74%. Otounbaïeva a de son côté estimé que ce chiffre se rapprochait plus de 65%.

La réforme constitutionnelle, si elle est entérinée, renforcera la fonction de Premier ministre, qui récupérera une partie des prérogatives présidentielles. Suivront des législatives en octobre et la reconnaissance diplomatique du gouvernement provisoire.

BIENTÔT DES POLICIERS DE L'OSCE DANS LE SUD?

Cette évolution des institutions, voulue par les nouvelles autorités qui ont pris le pouvoir après l'éviction du président Kourmanbek Bakiev, chassé par la rue en avril, est jugée essentielle par Roza Otounbaïeva pour rétablir la stabilité après une vague de violences communautaires.

Les affrontements entre Kirghizes et Ouzbeks, dans le sud du pays, ont fait 283 morts au moins, voire plusieurs centaines d'autres, principalement des Ouzbeks de souche. Des centaines de milliers de personnes ont fui leur domicile.

Dès l'issue du scrutin, Otounbaïeva a indiqué que son gouvernement était favorable à l'envoi de policiers de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans le sud du pays, afin de maintenir la stabilité dans cette région où ont éclaté les violences.

"La question de l'arrivée d'un contingent de policiers de l'OSCE est à l'étude. Le gouvernement voit cela d'un oeil favorable", a expliqué la présidente par intérim.

Comme un symbole, Roza Otounbaïeva, qui a refusé les appels en faveur d'un report du scrutin, a voté dans une apparente décontraction à Och, deuxième ville du pays, considérée comme la capitale régionale du Sud.

"Notre pays se trouve aujourd'hui au bord d'un grand danger mais les résultats du référendum montreront que la nation et la population sont unies", a-t-elle déclaré après avoir voté dans un bureau de vote installé à l'université. "Le pays restera droit dans ses bottes et ira de l'avant", a-t-elle ajouté.

Les violences ont provoqué une profonde méfiance parmi les populations d'origine ouzbèke sur la capacité des nouvelles autorités à assurer la sécurité et la stabilité du pays.

Bon nombre d'entre eux se sont toutefois rendus aux urnes, sortant ainsi pour la première fois de leur domicile depuis l'éclatement des violences le 10 juin.

"JUSTE VIVRE EN PAIX"

Dans les files d'attente menant aux bureaux de vote de la ville d'Och, certains d'entre eux, qui ne s'étaient pas vus depuis cette date, se sont tombés dans les bras, heureux d'apprendre que leurs proches étaient toujours en vie.

Pour tous ceux qui avaient choisi de ne pas aller voter, craignant pour leur sécurité, des responsables de la commission électorale, accompagnés de soldats armés, ont organisé des bureaux de vote itinérants pour aller à la rencontre des électeurs, équipés d'une urne transparente.

"Il va falloir que nous traversions cette période de turbulences, mais lorsque nous aurons un gouvernement digne de ce nom, tout redeviendra stable", a confié Andrei Abdoullaïev, un Kirghize d'origine ouzbèke.

Cet ancien combattant de l'armée nationale fait partie d'un groupe d'autodéfense qui s'est formé il y a plusieurs semaines dans un quartier d'Och, où est aujourd'hui installé un bureau de vote dans une ancienne distillerie de vodka.

Aux alentours, la plupart des habitants occupent des logements sans toit et font sécher leur linge sur des fils tendus entre des murs incendiés.

"Nous n'avons rien ici: ni gaz, ni électricité, ni eau courante (...) Peut-être que quelqu'un va nous aider. Nous voulons juste vivre en paix", a expliqué une habitante du quartier, Farida Marasoulaïeva.

Craignant pour la sécurité de ses observateurs, l'OSCE a refusé de dépêcher des délégations à Och et à Djalalabad.

S'exprimant depuis la capitale, Bichkek, le responsable des observateurs de l'OSCE, Janez Lenarcic, a exprimé ses craintes quant à la bonne tenue du scrutin, tout en ajoutant qu'il espérait une forte participation.

"Il y a des incohérences et des choses qui ne vont pas. Le principe d'un taux de participation minimum a par exemple été abandonné. Néanmoins, je pense que plus la participation sera forte, plus le processus sera légitime", a-t-il dit.

Roza Otounbaïeva, qui fut ambassadrice de son pays en Grande-Bretagne et des Etats-Unis, a rejeté les appels de certains de ses ministres à un report du référendum jusqu'à ce que les violences cessent.

Première femme au pouvoir dans une République d'Asie centrale, elle estime cette consultation nécessaire pour donner une légitimité à un gouvernement qui n'est pas issu des urnes et devrait permettre aux dirigeants kirghizes d'être reconnus par la communauté internationale.

Avec Dmitri Solovyov et Olga Dzioubenko à Bishkek; Nicole Dupont, Pierre Sérisier et Olivier Guillemain pour le service français