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Les Irlandais auraient largement approuvé le Pacte budgétaire

Dans un bureau de vote de Dublin. Selon des sources gouvernementales, les Irlandais ont approuvé le pacte budgétaire européen avec plus de 60% des voix lors du référendum de jeudi. Le dépouillement ne commencera que vendredi matin à 08h00 GMT. /Photo pris

Dans un bureau de vote de Dublin. Selon des sources gouvernementales, les Irlandais ont approuvé le pacte budgétaire européen avec plus de 60% des voix lors du référendum de jeudi. Le dépouillement ne commencera que vendredi matin à 08h00 GMT. /Photo pris - -

par Padraic Halpin et Lorraine Turner DUBLIN (Reuters) - Les Irlandais ont approuvé le pacte budgétaire européen avec plus de 60% des voix lors du...

par Padraic Halpin et Lorraine Turner

DUBLIN (Reuters) - Les Irlandais ont approuvé le pacte budgétaire européen avec plus de 60% des voix lors du référendum de jeudi, a-t-on appris de sources gouvernementales.

"On peut dire en toute sécurité que le 'oui' l'emporte avec 60% (des suffrages) contre 40", a-t-on déclaré. Le dépouillement ne commencera que vendredi matin à 08h00 GMT.

Parmi les 25 Etats membres de l'Union européenne ayant signé fin janvier ce texte visant à instaurer une plus grande discipline en matière de gestion des finances publiques, l'Irlande est le seul à avoir opté pour une ratification par voie référendaire.

Cette consultation, la troisième que l'Irlande consacre à l'Europe en quatre ans, remet l'ex-"Tigre celtique" qui a bénéficié en 2010 d'une aide financière de 85 milliards d'euros sous le feu des projecteurs.

Tous les sondages publiés depuis l'annonce du référendum, en février, prédisaient une assez large victoire du "oui", mais avec 20% d'indécis et compte tenu de la mauvaise santé économique du pays, où le chômage se maintient à 14%, le gouvernement s'est prudemment gardé de tout triomphalisme, n'excluant pas le risque d'un vote-sanction.

Dublin et ses partenaires européens gardent aussi à l'esprit que les électeurs irlandais ont rejeté dans un passé récent le traité européen de Nice, en 2001 - avant de l'approuver finalement l'année suivante - puis le traité de Lisbonne en 2008 - avant de revenir là encore sur leur vote l'année suivante.

Même si le "non" l'avait l'emporté, le traité n'aurait pas été remis en cause puisqu'il suffit que douze des dix-sept Etats de la zone euro le ratifient pour qu'ils entrent en vigueur.

Une telle issue aurait toutefois limité la portée du Pacte budgétaire, l'une des principales initiatives prises par les Européens face à la crise de la dette souveraine repartie de plus belle en Grèce et en Espagne.

Le Fine Gael, parti de centre droit du Premier ministre Enda Kenny, a appelé jeudi ses adhérents à battre le rappel en faveur du Pacte budgétaire. "Contactez vos amis, vos collègues de travail, les membres de votre famille."

LE TRAITÉ OU LE CHAOS ?

"Ce qui est en jeu, c'est l'avenir du pays", a prévenu pour sa part Maire Geoghegan-Quinn, commissaire européenne chargée de la recherche, de l'innovation et de la science et principale représentante de l'Irlande à Bruxelles.

"C'est probablement le référendum le plus important que nous ayons jamais vécu dans notre pays. Il s'agit de faire en sorte que notre industrie bénéficie d'un contexte de certitude", a-t-elle dit à Reuters. "Le 'oui', c'est la certitude, le 'non', c'est un no man's land."

Salaires non payés, distributeurs de billets de banque vidés, arrêt brutal de l'investissement étranger: le camp du "oui", emmené par le gouvernement, a mis en garde contre les conséquences d'un rejet du traité.

L'Irish Independent, le quotidien le plus populaire d'Irlande, a pris fait et cause pour le traité. "Si nous votons 'non', notre réputation internationale plongera au niveau de la Grèce", écrit le journal dans son édition de jeudi.

A l'inverse, les partisans du "non", conduits par les nationalistes du Sinn Féin et des syndicats, voient dans le Pacte l'incarnation de la politique d'austérité qui, disent-ils, conduisent l'Europe à l'échec.

"Il est de plus en plus évident que l'austérité ne marche pas. La politique de droite de la chancelière Angela Merkel peut faire sens en Allemagne mais c'est une condamnation à mort pour notre économie et notre peuple", a martelé Eamon Devoy, secrétaire général du syndicat TEEU, qui revendique 400.000 adhérents.

Les partisans du "non" affirment également que l'Europe n'osera jamais suspendre son aide à l'Irlande si, comme c'est probable, elle devait de nouveau faire appel à la solidarité communautaire lorsqu'expirera l'année prochaine l'actuel plan de renflouement.

Le débat électorat a porté essentiellement sur une clause du traité prévoyant que seules les parties contractantes pourront prétendre à l'avenir à une aide financière européenne du Mécanisme européen de stabilité (MES).

Avec Stephen Mangan et Conor Humphries; Danielle Rouquié, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français