Le procès de Ratko Mladic s'ouvre mercredi à La Haye

Ratko Mladic devant le Tribunal pénal international pour l'ex- Yougoslavie, à La Haye, le 4 juin 2011. Le procès de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, accusé de génocide et de crimes de guerre pendant la guerre civile de 1992-1995, s'ouvre merc - -
par Thomas Escritt
LA HAYE (Reuters) - Le procès de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, accusé de génocide et de crimes de guerre pendant la guerre civile de 1992-1995, s'ouvre mercredi devant le Tribunal pénal international pour l'ex- Yougoslavie (TPIY) à La Haye.
Le procès doit permettre de déterminer le degré de responsabilité de l'ancien général serbe dans les pires atrocités commises en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Arrêté en mai 2011 après onze années de clandestinité et transféré à La Haye, Ratko Mladic, âgé de 70 ans, est notamment poursuivi pour avoir dirigé le siège de Sarajevo qui a fait 10.000 morts et pour le massacre de Srebrenica au cours duquel près de 8.000 Musulmans de Bosnie ont été exécutés en juillet 1995.
A la fin du conflit, en 1995, il a été inculpé avec Radovan Karadzic, le chef politique des Serbes de Bosnie, de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le TPIY. Les deux hommes avaient été recherchés pendant plus de dix ans avant d'être finalement arrêtés et transférés à La Haye.
Le procès de Radovan Karadzic est en cours. L'ancien président serbe Slobodan Milosevic, inculpé en 1999 et transféré à La Haye en 2001, est quant à lui décédé en 2006 en détention avant le verdict, alimentant les critiques sur la lenteur des procédures au sein du TPIY.
Selon les procureurs, Mladic faisait partie d'une "entreprise criminelle commune visant à éliminer les Musulmans de Bosnie à Srebrenica en tuant les hommes et les adolescents et en chassant par la force les femmes, les enfants et quelques vieillards".
Les forces serbes de Bosnie (FSB) avaient tenté à l'époque de cacher le massacre en enterrant les corps des victimes dans des tombes anonymes.
"Lorsqu'il est devenu évident que malgré tous ces efforts, le monde avait eu connaissance du massacre des Musulmans de Srebrenica, les forces serbes de Bosnie ont entrepris de dissimuler les cadavres et les crimes", peut-on lire dans un document préparatoire au procès. "Des milliers de corps ont été déterrés, placés dans des camions et déversés dans d'autres endroits."
SIÈGE DE SARAJEVO
Mladic est également poursuivi pour le siège et le bombardement de la capitale de la Bosnie, Sarajevo, qui a fait plus de 10.000 morts parmi les civils. Le parquet a décrit ce siège comme une tentative de "répandre la terreur parmi la population civile."
Ratko Mladic a finalement été arrêté dans le nord de la Serbie en mai 2011 alors que l'Union européenne faisait de son arrestation une condition du rapprochement de Belgrade avec l'Union européenne.
L'ancien général serbe bénéficie d'un suivi médical depuis son transfert à La Haye. Lors de sa première apparition devant le tribunal l'année dernière, il s'est révélé incapable de lever un verre avec son bras droit ou de placer de lui-même ses écouteurs pour écouter la traduction en serbe des propos tenus au tribunal.
"J'ai 70 ans, je suis très vieux. Je m'affaiblis et je deviens invalide un peu plus chaque jour", a-t-il dit le mois dernier, faisant état de son manque de concentration. "Vous devriez prendre en compte le fait qu'en tant que personne âgée, je ne peux pas suivre ce procès pendant 90 minutes par jour, cinq jours par semaine."
Serge Brammertz, le procureur général du TPIY, a écarté les doutes sur la capacité de Mladic à rester assis pendant 200 heures de procès, au cours duquel plus de 400 témoins devraient être appelés à la barre.
"Il semble être en meilleur forme que lorsqu'il est arrivé au tribunal", a-t-il dit récemment à la presse.
Même affaibli, "le boucher des Balkans" a conservé sa pugnacité et continue d'accuser le tribunal de n'être une extension de l'Otan.
"Vous êtes un tribunal de l'Otan. Vous ne devriez pas me juger, ni moi ni mon peuple. L'Otan a bombardé mon peuple de la même manière qu'elle bombarde actuellement des peuples en Afrique et en Asie."
Le TPIY a été créé en 1993 sous l'égide de Nations unies pour juger les personnes accusées de violations du droit international humanitaire commises sur le territoire de l'ex-Yougoslavie depuis 1991.
Marine Pennetier pour le service français