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Le président égyptien élu prête serment de façon symbolique

Le président égyptien élu, l'islamiste Mohamed Morsi, a prêté serment de façon symbolique vendredi devant des milliers de ses partisans massés sur la place Tahrir au Caire, haut lieu de la contestation depuis 2011, dans un geste fort face aux militaires q

Le président égyptien élu, l'islamiste Mohamed Morsi, a prêté serment de façon symbolique vendredi devant des milliers de ses partisans massés sur la place Tahrir au Caire, haut lieu de la contestation depuis 2011, dans un geste fort face aux militaires q - -

par Shaimaa Fayed LE CAIRE (Reuters) - Le président égyptien élu, l'islamiste Mohamed Morsi, a prêté serment de façon symbolique vendredi devant des...

par Shaimaa Fayed

LE CAIRE (Reuters) - Le président égyptien élu, l'islamiste Mohamed Morsi, a prêté serment de façon symbolique vendredi devant des milliers de ses partisans massés sur la place Tahrir au Caire, haut lieu de la contestation depuis 2011, dans un geste fort face aux militaires qui cherchent à limiter ses pouvoirs.

"Je jure devant Dieu que je protégerai sincèrement le système républicain et que je respecterai la constitution et l'Etat de droit", a déclaré sous les vivats de la foule le premier président civil de l'Egypte depuis 1952, à la veille de son investiture officielle.

"Je m'occuperai des intérêts du peuple et je protégerai l'indépendance du pays ainsi que la sécurité de son territoire", a-t-il poursuivi.

Le premier chef de l'Etat issu de la confrérie des Frères musulmans avait auparavant assisté à la prière du vendredi à la mosquée Al Azhar.

Mohamed Morsi doit officiellement prêter serment devant la Haute Cour constitutionnelle au Caire samedi à 11h00 (09h00 GMT).

"Il n'y a pas de pouvoir au-dessus du pouvoir du peuple", a-t-il affirmé. "Aujourd'hui, vous êtes la source de ce pouvoir. Vous donnez ce pouvoir à qui vous voulez et vous le reprenez à qui vous voulez."

Cet ingénieur de 60 ans formé aux Etats-Unis s'est adressé aux "musulmans et chrétiens d'Egypte" et leur a promis de mettre en place un régime "civil, nationaliste et constitutionnel".

Mohamed Morsi a également promis d'oeuvrer à la libération d'Omar Abdel-Rahman, le chef spirituel d'un groupe islamique, qui purge une peine de prison à vie aux Etats-Unis pour son rôle supposé dans un attentat à la bombe contre le World Trade Center en 1993.

"Je vois la famille d'Omar Abdel-Rahman (sur la place Tahrir)", a lancé le président. "Et je vois aussi les banderoles des familles de ceux qui ont été emprisonnés par l'armée (égyptienne)".

LEVIERS DU POUVOIR

"Morsi est le président de la République", "le pouvoir au président": les slogans lus et entendus sur la célèbre place du centre du Caire avant l'arrivée du président élu soulignaient déjà la lutte pour le pouvoir que se livrent islamistes et militaires. "La révolution totale ou rien. A bas le régime militaire !", scandaient les manifestants.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l'Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, a organisé des élections législatives puis la présidentielle mais a dans le même temps laisser dissoudre le Parlement et pris un décret limitant les prérogatives du président au moment du second tour de la présidentielle, les 16 et 17 juin.

Les Frères musulmans souhaitaient que Mohamed Morsi soit investi dans ses fonctions devant le parlement, conformément à ce qui était jusqu'à présent l'usage, mais la même Haute cour constitutionnelle, soutenue par l'armée, a dissous la chambre basse, qui était dominée par les islamistes, le 14 juin, deux jours avant le second tour de la présidentielle.

"Acceptons-nous que le Parlement soit dissous ?" criaient à la foule place Tahrir les animateurs du Parti Liberté et Justice (PLJ) des Frères musulmans. "Non !", répondaient leurs partisans.

"Je suis ici pour dire au conseil militaire que nous, le peuple, avons élu le parlement. Aussi, c'est seulement nous, le peuple, qui pouvons le dissoudre", explique Intissar al Sakka, professeur et membre du PLJ. Comme beaucoup de femmes sur la place Tahrir, elle porte le "khemar", le voile jusqu'à la taille qu'affectionne aussi l'épouse de Mohamed Morsi.

Le CSFA a promis de rétrocéder le pouvoir le 1er juillet. Toutefois, l'armée a donné à comprendre qu'elle comptait continuer à tenir les véritables leviers du pouvoir et, selon certaines sources militaires, la cérémonie d'investiture pourrait même être reportée.

Le maréchal Hussein Tantaoui, âgé de 76 ans et qui dirige le CSFA après avoir été pendant vingt ans le ministre de la Défense de Hosni Moubarak, conservera ce portefeuille dans le prochain gouvernement, a dit un membre du CSFA, le général Mohamed Assad.

"Le gouvernement aura un ministre de la Défense qui est le chef du Conseil suprême des forces armées", a-t-il déclaré à la chaîne privée égyptienne CBC.

Eric Faye, Danielle Rouquié et Julien Dury pour le service français