Le pape François oblige légalement le clergé à signaler les abus sexuels

Le Pape François, le 8 mai 2019 au Vatican. - Filippo Monteforte - AFP
Le pape François a dévoilé ce jeudi une législation plus stricte obligeant prêtres, religieux et religieuses à signaler à l'Eglise tout soupçon d'agression sexuelle ou de harcèlement, ainsi que toute couverture de tels faits par la hiérarchie.
Tous les diocèses de la planète sont en outre obligés, d'ici un an, de mettre en place un système accessible au public pour déposer des signalements d'abus sexuels potentiels qui seront examinés dans un délai de 90 jours. L’objectif est que les victimes d’abus puissent se tourner vers l’Église locale pour dénoncer ces faits, en étant sûres qu’elles seront à l’abri de toute rétorsion.
"Des crimes qui trahissent la confiance des fidèles"
Ces décisions ont été prises dans un "Motu proprio", c'est à dire une lettre émise directement par le pape, qui modifie la législation de l'Eglise (le droit canon). Le souverain pontife a néanmoins souhaité que le secret de la confession demeure absolu, ce qui exclut donc une dénonciation de faits rapportés par un fidèle dans le confessionnal.
Dans l'introduction de cette lettre apostolique intitulée "Vous êtes la lumière du monde", le pape François souligne que "les crimes d'abus sexuel offensent Notre Seigneur, causent des dommages physiques, psychologiques et spirituels aux victimes".
"Il est bien que soient adoptées au niveau universel des procédures visant à prévenir et à contrer ces crimes qui trahissent la confiance des fidèles", ajoute-t-il.
Mesures préventives et restrictives
"Pour que ces phénomènes, sous toutes leurs formes, ne se reproduisent plus, il faut une conversion continue et profonde des coeurs, attestée par des actions concrètes et efficaces qui impliquent chacun dans l'Eglise", commente le pape.
Ainsi, en cas de signalement d'abus, l’évêque du diocèse doit transmettre les résultats à la hiérarchie du Vatican compétent, précise Vatican News. Il incombe ensuite au dicastère d'agir "dans les normes du droit, selon ce qui est prévu pour le cas spécifique", sur la base des normes canoniques déjà existantes. Le Saint-Siège peut ensuite immédiatement imposer des mesures préventives et restrictives pour la personne sous enquête.