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Le corps d'un Italien otage de salafistes retrouvé à Gaza

Le corps de Vittorio Arrigoni, militant pacifiste italien, enlevé par un groupe djihadiste salafiste lié à Al Qaïda dans la bande de Gaza a été découvert vendredi dans une maison abandonnée du territoire palestinien. /Photo d'archives/REUTERS/Suhaib Salem

Le corps de Vittorio Arrigoni, militant pacifiste italien, enlevé par un groupe djihadiste salafiste lié à Al Qaïda dans la bande de Gaza a été découvert vendredi dans une maison abandonnée du territoire palestinien. /Photo d'archives/REUTERS/Suhaib Salem - -

GAZA (Reuters) - Le corps d'un ressortissant italien enlevé par des salafistes dans la bande de Gaza a été découvert dans une maison abandonnée du territoire palestinien, a annoncé le Hamas vendredi.

Vittorio Arrigoni, un militant pacifiste pro-palestinien, avait été enlevé par un groupe djihadiste salafiste lié à Al Qaïda qui menaçait de l'exécuter ce vendredi si le Hamas, qui contrôle l'enclave palestinienne, ne libérait pas son dirigeant.

Un responsable du Hamas, qui a requis l'anonymat, a dit à Reuters que des agents de la sécurité avaient pris d'assaut une maison du quartier de Cheikh Radouane, dans la ville de Gaza, et découvert le corps. Deux suspects ont été arrêtés lors de l'intervention des forces de sécurité, d'autres sont recherchés.

Le Hamas et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ont condamné le crime. Saeb Erekat, conseiller de Mahmoud Abbas, a qualifié l'évènement "de page sombre de l'histoire palestinienne".

Les services consulaires italiens ont confirmé que le corps était celui d'Arrigoni, a dit le ministère italien des Affaires étrangères, dénonçant "un meurtre barbare" et "l'action irrationnelle d'extrémistes indifférents à la valeur d'une vie humaine".

Ce militant pacifiste italien était arrivé dans la bande de Gaza en août 2008 à bord d'un navire transportant de l'aide humanitaire.

Il était le premier étranger enlevé dans la bande de Gaza depuis la captivité d'Alan Johnston, journaliste de la BBC détenu pendant 114 jours avant d'être libéré en 2007 par un groupe se réclamant d'Al Qaïda, l'Armée de l'islam.

HAMAS CONTRE SALAFISTES

Lors d'une conférence de presse, Ehab Al Ghsaïn, porte-parole du ministère de l'Intérieur de l'administration Hamas, a précisé que le lieu de captivité d'Arrigoni avait été déterminé grâce à l'interrogatoire d'un membre du groupe.

Mais lorsque l'unité d'intervention est arrivée sur place, a-t-il ajouté, "l'otage avait été tué depuis plusieurs heures déjà d'une manière répugnante".

"Depuis le tout début, leur intention était d'assassiner leur victime, parce que le crime s'est produit très peu de temps après l'enlèvement", a-t-il poursuivi.

Selon un responsable des services de sécurité du Hamas, le militant italien aurait été étranglé.

Le Hamas, qui a démenti par le passé la présence d'Al Qaïda dans l'enclave côtière, tente de maîtriser l'action des autres groupes armés afin d'éviter une nouvelle épreuve de force après l'offensive israélienne "Plomb durci" de l'hiver 2008-2009.

Les salafistes s'opposent au Hamas, estimant que le groupe ne fait pas assez pour imposer la charia, et semblent attirer de nouvelles recrues. Ils s'en prennent aux cybercafés et demandent que les chrétiens soient exclus des territoires palestiniens.

Dans une vidéo diffusée jeudi sur le site de partage Youtube, le groupe salafiste prévenait que l'otage serait exécuté ce vendredi à 17h00 heure locale (14h00 GMT) si le Hamas ne libérait pas son chef Hesham al Saeedni, détenu par le mouvement palestinien depuis le mois dernier.

Sur la vidéo, un homme soulevait par les cheveux le visage ensanglanté d'Arrigoni, aux yeux bandés, vers l'objectif de la caméra. Le texte en arabe qui accompagne la vidéo indique que "l'otage est entré sur notre territoire uniquement pour répandre la corruption".

Dans un communiqué diffusé jeudi, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui n'exerce aucun contrôle sur la bande de Gaza, avait appelé à sa libération "immédiate et sans condition". "Cette action ne sert pas la cause du peuple palestinien et lui fait du tort", avait-il souligné.

Ehab al Gsaïn a estimé que ce meurtre pourrait compliquer les missions des flottilles humanitaires tentant de contourner le blocus de Gaza. Jusqu'à 15 navires doivent faire route vers l'enclave le mois prochain, selon des militants pro-palestiniens.

Avec Mohammed Assadi à Ramallah, Marine Pennetier, Benjamin Massot, Henri-Pierre André et Clément Guillou pour le service français