La répression se poursuit dans le sud de la Syrie

par Khaled Yacoub Oweis
AMMAN (Reuters) - Des chars ont bombardé mercredi en Syrie la ville de Tel Kelakh, pour le quatrième jour consécutif, Damas poursuivant sa répression de l'opposition au président Bachar al Assad malgré de nouvelles menaces occidentales.
L'armée syrienne est entrée samedi dans Tel Kelakh, ville-frontière avec le Liban, après des manifestations réclamant la chute du régime, confronté depuis deux mois à un mouvement de contestation dans la rue sans précédent.
Assad a été partiellement réhabilité par l'Ouest ces trois dernières années mais la répression, qui aurait fait 700 morts civils selon les défenseurs des droits de l'homme, a incité les Etats-Unis et l'Union européenne à prendre des sanctions à l'encontre de plusieurs dirigeants syriens. Le chef de l'Etat pourrait être concerné par le prochain train de sanctions.
"La situation nous impose désormais d'envisager toutes les options", a dit mardi la haute représentante de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré mardi que la France et la Grande-Bretagne étaient sur le point de réunir les neuf voix nécessaires au Conseil de sécurité des Nations unies sur un projet de résolution condamnant la répression en Syrie.
La Russie et la Chine pourraient toutefois opposer leur veto à l'Onu. Le président russe, Dmitri Medvedev, a déclaré mercredi que son pays ne soutiendrait pas ce texte mais il n'a pas précisé s'il opposerait son veto.
Les autorités syriennes mettent les violences sur le compte de groupes armés soutenus par des islamistes et des puissances étrangères et disent que plus de 120 soldats et policiers ont été tués.
RÉSISTANCE
Un habitant de Tel Kelakh a rapporté mercredi que l'armée continuait de procéder à des arrestations mais qu'elle était la cible de coups de feu.
Certaines familles "résistent, préférant la mort à l'humiliation", a-t-il dit par téléphone satellitaire. "Nous sommes toujours privés d'eau, d'électricité et de moyens de communication."
La route menant au Liban est bombardée à l'arme lourde ainsi que le quartier d'Abradj, habité par les minorités turkmène et kurde, a précisé cet homme.
"La plupart des habitants de Tel Kelakh ont fui. Parmi ceux qui restent, certains ont essayé de fuir au Liban hier (mardi) mais les bombardements sont trop intenses", a-t-il dit.
Un avocat défenseur des droits de l'homme, Razan Zaitouna, dit que les forces syriennes ont tué au moins 27 civils depuis samedi à Tel Kelakh.
L'agence de presse officielle Sana, citant une source militaire, écrit, elle, que huit soldats ont été tués mardi à Tel Kelakh et dans la province de Deraa, dans le Sud.
Les chars syriens sont aussi entrés mardi à Naoua, dans la plaine de Hauran, après avoir encerclé pendant trois semaines cette ville de 80.000 habitants située dans le sud du pays, selon des habitants de cette région.
La Syrie a expulsé la plupart des médias internationaux depuis le début de la révolte, compliquant la vérification des informations données par les deux parties.
Clément Guillou pour le service français, édité par Gilles Trequesser