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La Pologne amende une loi controversée sur la Shoah

Le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne, le 25 janvier 2015

Le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne, le 25 janvier 2015 - Joël Saget - AFP

Cette loi visait à interdire "la responsabilité ou la coresponsabilité" de la Pologne "pour les crimes commis par le Troisième Reich allemand". Elle avait notamment provoqué l'indignation d'Israël et des Etats-Unis.

Le parlement polonais a amendé mercredi une loi censée défendre l'image des Polonais du temps de la Seconde Guerre mondiale, mais qui avait été violemment dénoncée par Israël et critiquée par les États-Unis.

La modification consiste à supprimer totalement le passage de cette loi entrée en vigueur en mars qui prévoyait des amendes et jusqu'à trois ans de prison pour ceux qui attribueraient "la responsabilité ou la coresponsabilité de la nation ou de l'État polonais pour les crimes commis par le Troisième Reich allemand".

Elle a été adoptée par 388 voix pour - majorité et opposition - 25 contre et cinq abstentions. Le président du Sénat Stanislaw Karczewski a annoncé que la chambre haute l'examinerait le jour même. 

Des plaintes au civil toujours possibles

Le Premier ministre Mateusz Morawiecki a reconnu devant les députés que si l'objectif de la loi était de "lutter pour la vérité", ses passages sur les sanctions pénales avaient "paradoxalement" fait naître "tant de controverses qu'ils sont devenus contre-productifs".

Mateusz Morawiecki a souligné qu'en cas de publications calomniant la Pologne avec des expressions telles que "la SS polonaise, la Gestapo polonaise ou les camps de concentration polonais", la possibilité restait ouverte de porter plainte au civil, faisant peser sur un éditeur "aux États-Unis ou quelque part en Allemagne (...) la menace de devoir payer cent millions d'euros ou cent millions de dollars".

Censée défendre l'image de la Pologne et des Polonais pendant la Seconde Guerre mondiale contre de fausses accusations, la loi avait provoqué de vives tensions avec le gouvernement israélien. Le gouvernement de l'État hébreu et la diaspora juive ont reproché à Varsovie de vouloir nier la participation de certains Polonais au génocide des juifs, voire d'empêcher des rescapés juifs de raconter leur expérience ou la mort de leurs proches.

Une déclaration commune avec Israël

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a présenté à la presse une déclaration commune avec le gouvernement polonais, s'est félicité d'avoir "veillé à respecter la vérité et avoir rempli notre devoir d'assurer que la vérité sur la Shoah soit respectée".

Dans la déclaration commune, les deux gouvernements "condamnent toutes les formes d'antisémitisme et s'opposent à tous les stéréotypes négatifs nationaux notamment anti-polonais".

"Il est important que les chercheurs, enseignants, journalistes, rescapés et leurs familles puissent étudier librement tous les éléments de la Shoah sans risquer de poursuites en justice", est-il écrit dans ce communiqué. 

Pour le gouvernement polonais de Droit et Justice (PiS), le principal objectif de la loi était de combattre l'expression "camps de concentration polonais", injuste parce que concernant les camps nazis allemands établis en Pologne occupée.

"Nous nous sommes heurtés à de l'incompréhension, à des opinions blessantes, nous ne voulons pas que cela pèse sur notre politique", a dit le chef du groupe parlementaire PiS Ryszard Terlecki. 

B.P. avec AFP