La conférence de Bruxelles sur la Syrie condamne l'attaque de Khan Cheikhoun

- - De gauche à droite: le Premier vice-premier ministre Ministre des affaires étrangères du Koweit, Cheikh Sabah Khalid Al Hamad Al Sabah, le Premier ministre du Liban Saad Hariri, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le Hau...JOHN THYS, AFP
Les participants à la conférence de Bruxelles sur l'avenir de la Syrie ont condamné mercredi l'attaque chimique présumée à Khan Cheikhoun, et appelé la communauté internationale à se mobiliser pour la reconstruction du pays dévasté.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "confiant" que le Conseil de sécurité "prendra ses responsabilités" en adoptant une résolution sur l'attaque qui a fait mardi au moins 72 morts, dont 20 enfants.
De leur côté, plus de 70 pays et organisations internationales présents à la conférence à Bruxelles, ont "condamné l'utilisation d'armes chimiques par le gouvernement et Daech", l'acronyme arabe de l'organisation Etat islamique, "et les attaques sur Khan Cheikhoun", selon la cheffe de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini.

"Toutes les preuves suggèrent que c'est le régime d'Assad"
"L'usage d'armes chimiques, par qui que ce soit, où que ce soit, doit immédiatement cesser", a exigé Federica Mogherini, aux côtés des co-présidents de cette réunion, dont Antonio Guterres.
En arrivant à Bruxelles, les chefs de la diplomatie français et britannique avaient réitéré avec force leurs accusations contre le régime syrien, qu'ils tiennent pour responsable de l'attaque de Khan Cheikhoun.
"Toutes les preuves que j'ai vues suggèrent que c'était le régime d'Assad (...) utilisant des armes illégales en toute connaissance de cause contre son propre peuple", a déclaré le Britannique Boris Johnson. "Objectivement, je ne vois pas comment le régime peut rester en place après tout ce qu'il a fait", a-t-il ajouté.
L'opposition syrienne a la première accusé le "régime du criminel Bachar" d'avoir perpétré cette attaque avec des "obus" contenant du "gaz toxique". Washington, Londres et Paris ont également mis en cause Damas, qui nie et incrimine les rebelles.

"Pas de doute sur la responsabilité du régime"
Mercredi, Moscou a affirmé qu'en fait, l'aviation syrienne avait bombardé près de Khan Cheikhoun "un atelier de fabrication de mines artisanales, avec des substances toxiques" aux mains des rebelles, sans préciser si elle avait connaissance de son contenu.
Mais, a fait valoir le ministre français Jean-Marc Ayrault, "Moscou reconnaît qu'il y a eu des survols. Ce sont des avions syriens (...) qui ont tiré des missiles". "Donc il n'y a pas de doute sur la responsabilité du régime de Damas", a t-il conclu.
Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont présenté un projet de résolution appelant à une enquête au Conseil de sécurité de l'ONU, qui était réuni en urgence mercredi.

"On ne peut pas fermer les yeux"
"Ces évènements horribles montrent malheureusement que des crimes de guerre continuent (d'être commis) en Syrie", a commenté Antonio Guterres, se disant "confiant que le Conseil de sécurité prendra ses responsabilités".
Mais Moscou, qui avait bloqué en février avec Pékin une résolution imposant des sanctions au régime syrien, a d'ores et déjà indiqué que cette résolution était "inacceptable".
"On ne peut pas fermer les yeux, dire à la fois qu'on respecte les traités internationaux" interdisant l'usage d'armes chimiques "et, lorsqu'on y déroge, faire comme si rien ne s'était passé", a insisté Jean-Marc Ayrault, qui a reçu le soutien de son homologue allemand Sigmar Gabriel.

Avant une solution pour la paix il pensent à la reconstruction
Au-delà des promesses d'aide humanitaire, la conférence de Bruxelles doit lancer les travaux préparatoires pour la reconstruction de la Syrie par la communauté internationale en cas d'accord de paix.
Une minute de silence a été observée à l'ouverture des débats pour les victimes de Khan Cheikhoun ainsi que "toutes les personnes qui ont perdu la vie pendant six ans de conflit". Le financement du travail des organisations humanitaires "est tout à fait insuffisant", a souligné Antonio Guterres.
De son côté, le Premier ministre libanais Saad Hariri a exhorté les donateurs à "investir dans la paix". L'ONU estime avoir besoin en 2017 de 8,1 milliards de dollars pour financer ses programmes d'aide humanitaire, dont 4,7 milliards pour les réfugiés syriens et les communautés des pays de la région qui les accueillent.
"La crise syrienne n'est pas seulement à propos de l'argent, il y a un besoin pour un réel progrès politique", a dit à l'AFP le président d'une association d'aide au réfugiés syriens, Fadi Hallisso, lors d'une manifestation à Bruxelles.