L'OMS plaide pour des traitements précoces contre le Sida

Le nombre de personnes recevant des traitements contre le VIH a progressé d'un quart l'an dernier mais il faudrait traiter davantage de patients avant que leur état ne s'aggrave, a prévenu l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Vienne, lors de la con - -
VIENNE (Reuters) - Le nombre de personnes recevant des médicaments contre le virus du sida a progressé d'un quart l'an dernier mais il faudrait traiter davantage de patients avant que leur état s'aggrave, a souligné lundi l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
L'OMS a indiqué, lors de la conférence internationale sur le sida qui se tient pendant six jours à Vienne, que 5,2 millions de personnes suivaient des traitements fin 2009, soit 1,2 million de plus qu'en 2008.
Cette augmentation, la plus importante sur un an, constitue un "développement extrêmement encourageant", estime l'OMS, qui préconise néanmoins la création de programmes pour permettre aux patients de recevoir des traitements avant d'être trop malades.
"Commencer un traitement plus tôt nous permet de faire en sorte que les gens vivant avec le VIH restent en vie plus longtemps et en meilleure santé", a expliqué Gottfried Hirnschall, le directeur de l'OMS sur le sida.
Environ 33,4 millions de personnes ont le virus du sida dans le monde. Les Nations unies estiment à 15 millions le nombre de personnes ayant besoin de médicaments. Seul un tiers d'entre elles y ont accès.
RÉDUIRE LES COÛTS À TERME
Un traitement précoce du VIH peut prévenir les infections, comme la tuberculose, la maladie infectieuse la plus mortelle avec le sida. Selon l'OMS, le nombre de morts de la tuberculose pourrait diminuer de 90% si les personnes ayant le virus du sida ou le bacille de la tuberculose entamaient un traitement précoce, à savoir quand leur système immunitaire n'a pas été encore trop fragilisé par le virus.
On définit le niveau immunitaire d'une personne par son nombre de cellules CD4 sur lequel un médecin se base pour décider de prescrire des médicaments. L'OMS recommandait jusque là de traiter un malade quand son nombre de cellules CD4 était descendu à 200 par mm3 de sang. Il préconise désormais un traitement à partir de 350 cellules par mm3.
Dans les pays riches, les patients commencent leur traitement avant que leur compte de CD4 ne descende de façon significative et vivent ainsi plus longtemps et mènent des vies normales malgré le virus.
Un manque de fonds et d'infrastructures de santé dans les pays pauvres, où le virus est très répandu, contraint les patients à attendre qu'ils soient vraiment affaiblis avant d'avoir accès aux médicaments.
L'OMS estime que le nombre de décès liés au sida pourrait être réduit de 20% entre 2010 et 2015 si les directives étaient appliquées. Des études scientifiques montrent qu'un traitement précoce peut être une manière efficace de prévenir la propagation du virus.
Investir dans le traitement précoce pourrait en outre sauver à l'avenir des millions de vies et des millions de dollars, souligne Bernhard Schwartlander, directeur du département des Preuves, de la Stratégie et des Résultats de l'Onusida.
"Les personnes avec des systèmes immunitaires fragilisés qui sollicitent tardivement des traitements, requièrent des médicaments plus compliqués et plus coûteux que celles qui ont entamé un traitement plus tôt", explique-t-il.
Le coût des traitements du sida en 2010 s'élèvera à neuf milliards de dollars, selon l'Onusida, le programme commun des Nations unies sur le sida.
Marine Pennetier pour le service français, édité par Gilles Trequesser