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"L'Europe doit savoir": la Macédoine du Nord réclame justice après l'incendie mortel d'une boîte de nuit

Les proches des victimes de l'incendie d'une boîte de nuit bondée en Macédoine du Nord attendent des nouvelles de leurs proches à l'hôpital général de Kocani, le 16 mars 2025.

Les proches des victimes de l'incendie d'une boîte de nuit bondée en Macédoine du Nord attendent des nouvelles de leurs proches à l'hôpital général de Kocani, le 16 mars 2025. - Robert ATANASOVSKI / AFP

Au lendemain de l'incendie d'une boîte de nuit à Kocani (Macédoine) ayant coûté la vie à au moins 59 personnes, les familles des victimes prennent la parole. Dans des témoignages bouleversants, elles expriment leur colère alors qu'une enquête pour possible "corruption" a été ouverte.

À la profonde tristesse, se mêle dorénavant la colère. Dans la nuit de ce samedi 15 au dimanche 16 mars, un impressionnant incendie a ravagé l'entièreté de la discothèque "Pulse" de Kocani, en Macédoine du Nord.

Dans la catastrophe, au moins 59 personnes ont perdu la vie et plus de 150 ont été blessées, rapportent la BBC et l'agence de presse américaine Associated Presse (AP). Parmi elles, 22 se trouvent toujours dans un état grave ce lundi.

La catastrophe, qui suscite depuis ce week-end de vives réactions partout dans le pays serait, selon le ministre de l'Intérieur macédonien Pance Toskovski, la conséquence de faits de "corruption".

"J'avais un enfant et je l'ai perdu"

Les propriétaires de l'endroit auraient en effet "omis" la mise en place de plusieurs mesures de sécurité comme par exemple l'installation d'extincteurs ou le déverrouillage de sorties d'urgence. Pour les familles des victimes, dont certaines attendent toujours des nouvelles de leurs proches, des responsables doivent être identifiés afin de "rendre des comptes".

Devant les grilles de l'hôpital de Skopje, capitale de la Macédoine du Nord, l'heure est au recueillement. Parmi les parents éplorés, un homme d'une cinquante d'années crie son désespoir aux journalistes présents sur place.

"J'avais un enfant et je l'ai perdu", confie l'homme sur les images de la BBC. "Laissez-moi le dire devant tout le monde, filmez-moi. Je suis un homme mort qui a tout perdu."

"L'Europe toute entière doit savoir", poursuit-il en colère, pointant du doigt les failles dans la sécurité du bâtiment parti en fumée quelques jours plus tôt.

Les proches des victimes de l'incendie d'une boîte de nuit bondée en Macédoine du Nord attendent des nouvelles de leurs proches à l'hôpital général de Kocani, le 16 mars 2025.
Les proches des victimes de l'incendie d'une boîte de nuit bondée en Macédoine du Nord attendent des nouvelles de leurs proches à l'hôpital général de Kocani, le 16 mars 2025. © Robert ATANASOVSKI / AFP

Une colère partagée par bien d'autres familles endeuillées comme celle de Marija Taseva. La jeune femme, survivante, a perdu sa soeur dans l'incendie de la discothèque.

"Je ne sais pas comment, mais je me suis retrouvée sur le sol dans l'impossibilité de me relever et c'est à ce moment-là que les gens ont commencé à me piétiner", détaille la Marija Taseva au micro de la BBC. "Ma sœur est morte. J'ai été sauvée et elle non."
Les proches des victimes de l'incendie d'une boîte de nuit bondée en Macédoine du Nord attendent des nouvelles de leurs proches à l'hôpital général de Kocani, le 16 mars 2025.
Les proches des victimes de l'incendie d'une boîte de nuit bondée en Macédoine du Nord attendent des nouvelles de leurs proches à l'hôpital général de Kocani, le 16 mars 2025. © Robert ATANASOVSKI / AFP

Dans un discours prononcé ce dimanche 16 mars, la présidente de la Macédoine du Nord Gordanna Davkova Silijanovska s'est dite "sous le choc", précise Associated Press.

"Je n'arrive toujours pas à croire que la terrible tragédie de Kocani soit une réalité. Je ne sais pas avec quels mots exprimer mes condoléances aux parents et aux proches des défunts", a-t-elle ajouté.

Lors de l'incendie, 59 personnes sont mortes brûlées ou asphysxiées par des fumées toxiques. En cause, des engins pyrotechniques de la boîte de nuit accrochés au plafond et suspectés d'avoir pris feu. Des doutes corroborés par les images tournées dans le bâtiment et quelques minutes seulement avant le début de l'incendie.

Des policiers de Macédoine du Nord travaillent sur le site de la boîte de nuit Pulse à l'intérieur de laquelle un incendie s'est déclaré et a tué 59 personnes à Kocani, une ville située à une centaine de kilomètres à l'est de la capitale Skopje, le 16 mars 2025.
Des policiers de Macédoine du Nord travaillent sur le site de la boîte de nuit Pulse à l'intérieur de laquelle un incendie s'est déclaré et a tué 59 personnes à Kocani, une ville située à une centaine de kilomètres à l'est de la capitale Skopje, le 16 mars 2025. © Robert ATANASOVSKI / AFP

D'après l'AFP, les autorités macédoniennes ont ouvert une enquête pour possible "corruption" dans laquelle plus de vingt personnes seraient impliquées, dont le fils du propriétaire de la boîte de nuit, le directeur de la société qui la gérait, et des employés du ministère de l'Économie. À noter également que, selon le ministère de l'Intérieur, la boîte de nuit ne possédait aucune licence pour l'utilisation d'engins pyrotechniques.

Plus de vingt personnes ont été interrogées ce lundi 17 mars en début de matinée, et le procureur a demandé des mesures de détention provisoires pour huit d'entre elles.

La liste des "omissions" en matière de sécurité de la discothèque Pulse est très longue selon les bureaux du procureur, allant "du manque d'extincteurs suffisants" à l'absence des deux sorties de secours nécessaires ou de détecteurs de fumée ainsi que l'absence de passage aux normes pour les véhicules de secours à l'extérieur.

Camille Dubuffet