L'Egypte reprend le travail, banques et monuments rouvrent

Au Musée égyptien du Caire, dimanche. Ce musée, qui donne sur la place Tahrir -lieu phare de la contestation anti-Moubarak- ainsi que les pyramides de Gizeh ont rouvert dimanche aux touristes, pour la première fois depuis trois semaines. Neuf jours après - -
par Marwa Awad et Chaïmaa Fayed
LE CAIRE (Reuters) - Les banques ont rouvert dimanche, neuf jours après la démission du président Hosni Moubarak, dans une Egypte dont l'économie peine à repartir après le soulèvement politique et les mouvements sociaux qui ont suivi.
Le Conseil suprême des forces armées, qui dirige le pays depuis le retrait de Moubarak, avait fermement invité la population à retourner au travail dimanche, premier jour ouvré de la semaine en Egypte, et il a interdit momentanément toute activité syndicale.
Le Musée égyptien du Caire, qui donne sur la place Tahrir -le lieu phare de la contestation anti-Moubarak- ainsi que les pyramides de Gizeh ont rouvert aux touristes, pour la première fois depuis trois semaines. Le secteur du tourisme, dont le pays tire d'importants revenus, a beaucoup pâti des événements politiques de janvier et février.
Des dizaines de clients faisaient la queue dimanche devant les succursales de banques nationales dans le centre du Caire.
Quelques touristes se sont aventurés au musée, qui renferme une très importante collection d'antiquités égyptiennes. "Les voyagistes ont dit qu'il n'y avait plus de risque à aller en Egypte, et nous avons tenté le coup. Nous ne savions pas que le musée serait ouvert", a dit à Reuters une touriste néerlandaise.
LIBÉRATION DE PRISONNIERS
Tout le monde n'a pas suivi l'appel de l'armée à reprendre le travail. Devant le siège de la chaîne de grands magasins Omar Effendi, dans le centre du Caire, 70 employés ont manifesté pour réclamer sa renationalisation.
Cherchant à rassurer les réformistes qui exigent des changements rapides, l'armée a fait savoir durant le week-end que les amendements constitutionnels préalables à la tenue des élections prévues dans les six mois devraient être prêts prochainement. Elle a indiqué en outre que l'état d'urgence devrait être levé avant les scrutins.
La justice a d'autre part légalisé un nouveau parti politique, qui cherchait à se faire reconnaître depuis 1996. Le parti Wassat (Parti du Centre), créé par un ancien militant des Frères musulmans, est la première formation à être reconnue depuis le départ de Moubarak.
Autre signe destiné à calmer le mouvement de contestation, le Premier ministre Ahmed Chafic a annoncé que 222 prisonniers politiques allaient être remis en liberté.
Selon des organisations de défense des droits de l'homme, plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées en vertu de l'état d'exception et des centaines sont toujours portées disparues depuis les manifestations. Chafic, lui, ne parle que de quelques arrestations durant les événements.
Eric Faye pour le service français