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L'armée syrienne tente toujours de déloger les rebelles d'Alep

LA BATAILLE D'ALEP EN SYRIE

LA BATAILLE D'ALEP EN SYRIE - -

par Erika Solomon Alep, Syrie (Reuters) - L'armée syrienne accélérait ses opérations mardi pour tenter de déloger les rebelles d'Alep, lesquels...

par Erika Solomon

Alep, Syrie (Reuters) - L'armée syrienne accélérait ses opérations mardi pour tenter de déloger les rebelles d'Alep, lesquels promettent de transformer la capitale économique du pays en "tombeau du régime" alors que la communauté internationale reste impuissante à faire cesser les combats.

Le gouvernement dit avoir repris le quartier de Salaheddine, situé dans le sud-ouest d'Alep, affirmation que les rebelles démentent. Ce secteur est important pour le passage des renforts de troupes syriennes en provenance du Sud.

Un journaliste de Reuters a entendu, mardi pour la première fois depuis plusieurs jours, des hélicoptères tirer à l'arme lourde sur la partie est de la ville.

Une semaine de combats dans Alep a rempli les hôpitaux et des dispensaires de fortune des quartiers de l'est tenus par les rebelles.

"Certains jours, nous avons 30, 40 personnes, sans compter les corps", raconte un jeune médecin. "Il y a quelques jours, nous avons eu 30 blessés et peut-être 20 cadavres mais la moitié de ces corps étaient en pièces. Nous ne pouvons pas les identifier."

Selon un décompte fourni par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG favorable à l'opposition basée à Londres, plus de 100 personnes, dont 73 civils, ont été tuées en Syrie lundi. Cinq rebelles ont trouvé la mort durant les affrontements avec les troupes syriennes à Salaheddine.

Des rebelles, patrouillant à bord de camions parés des drapeaux vert-blanc-noir de l'"indépendance", disent qu'ils résistent à Salaheddine malgré le pilonnage de l'armée syrienne sur terre et par voie aérienne. Un avion de chasse survole la scène, rappelant la suprématie des forces du président Bachar al Assad.

"Nous avons toujours su qu'Alep serait le tombeau du régime", commente Mohammed, un jeune combattant, tout en fourrageant dans son gilet à la recherche de munitions. "Damas est la capitale, mais ici, il y a un quart de la population et la totalité des forces économiques. Les forces de Bachar seront enterrées ici."

"Hier, nous avons bombardé la zone à la vitesse de deux obus par minute", a déclaré lundi un homme se présentant comme un porte-parole de la "Révolution d'Alep". "Il n'est pas vrai du tout que les forces du régime soient à Salaheddine."

UNE VILLE DIVISÉE

Pour l'instant, la supériorité des forces gouvernementales au sol explique que les rebelles aient eu des difficultés à conserver le terrain conquis en zone urbaine. Les rebelles ont effectué une percée majeure dans Damas il y a deux semaines pour en être ensuite chassés.

Le gouvernement syrien dit avoir repris Salaheddine. Les journalistes de Reuters présents à Alep n'ont pu atteindre les lieux pour vérifier qui les contrôle.

L'assaut mené par l'armée syrienne sur Salaheddine rappelle sa façon d'opérer à Damas : elle utilise son écrasante puissance de feu pour faire refluer les rebelles, quartier par quartier.

Une défaite à Alep constituerait pour les forces gouvernementales un énorme échec psychologique et stratégique. D'où la détermination dont elles font preuve.

Selon les experts militaires, les rebelles ne sont pas suffisamment armés pour défaire l'armée, sa puissante artillerie et ses hélicoptères d'attaque.

Dans cette ville divisée de 2,5 millions d'habitants, où certaines parties de la population soutiennent le gouvernement du président Bachar al Assad, certaines personnes apparaissent réticentes à s'exprimer en public en présence des combattants.

Interrogé sur ses préférences, un homme qui attendait à un poste de police endommagé par les tirs d'obus a répondu : "Nous ne sommes avec personne. Nous sommes du côté de la vérité. Quand on lui demande de quel côté est cette vérité, il répond : "de Dieu, seulement."

Les grandes puissances de la planète étant divisées, le monde assiste impuissant au glissement progressif de la Syrie dans la guerre civile.

Un convoi transportant le responsable du chef intérimaire de la Mission de supervision des Nations unies en Syrie (Misnus), a été attaque dimanche. Seul le blindage des véhicules a empêché qu'il y ait des blessés, a déclaré le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon.

La France a fait savoir qu'elle allait demander une réunion du Conseil de sécurité au niveau ministériel, mais rien ne permet de dire que le dossier pourrait être débloqué alors que la Russie et la Chine, membres permanents comme la France du Conseil de sécurité, restent opposées depuis le début de l'insurrection en mars 2011 à toute mesure coercitive contre le régime de Bachar al Assad.

Danielle Rouquié pour le service français