BFMTV
International

Journée d'action contre la cure d'austérité en Italie

Des dizaines de milliers d'Italiens, ici à Rome, ont manifesté vendredi contre le plan d'austérité du gouvernement Berlusconi à l'appel de la CGIL, la principale centrale syndicale du pays, la CGIL. /Photo prise le 25 juin 2010/ REUTERS/Tony Gentile

Des dizaines de milliers d'Italiens, ici à Rome, ont manifesté vendredi contre le plan d'austérité du gouvernement Berlusconi à l'appel de la CGIL, la principale centrale syndicale du pays, la CGIL. /Photo prise le 25 juin 2010/ REUTERS/Tony Gentile - -

par Daniel Flynn ROME (Reuters) - Des dizaines de milliers d'Italiens ont manifesté vendredi contre le plan d'austérité du gouvernement Berlusconi...

par Daniel Flynn

ROME (Reuters) - Des dizaines de milliers d'Italiens ont manifesté vendredi contre le plan d'austérité du gouvernement Berlusconi à l'appel de la CGIL, la principale centrale syndicale du pays.

La CGIL, qui revendique six millions de membres, avait organisé des défilés à Rome, à Milan et dans d'autres grandes villes pour exprimer son opposition aux 25 milliards d'euros d'économies décidées par le gouvernement.

Des arrêts de travail de quelques heures dans le privé ou d'une journée dans le secteur public ont été observés avec une participation variable.

"Personne ne nie que nous devons faire des économies, mais ces réductions doivent être justes et tournées vers l'avenir, plutôt que de tailler dans les dépenses", a déclaré la numéro deux de la CGIL, Susanna Camusso, en tête du cortège à Bologne, fief de la gauche.

Deux autres organisations syndicales n'avaient pas appelé au mouvement, illustrant les divisions au sein du monde du travail sur la réponse à apporter à la politique gouvernementale.

Dans la capitale, 40.000 personnes selon les organisateurs ont défilé en passant devant le Colisée, tandis qu'à Milan la CGIL a revendiqué 80.000 manifestants, contre 35.000 selon la police.

Les manifestants milanais arboraient notamment des banderoles protestant contre un projet, actuellement en discussion avec les syndicats, de modification des conditions de travail dans un centre de production de Fiat du sud du pays, et destiné à améliorer la productivité.

UN TEST POUR BERLUSCONI

L'ampleur des manifestations et des arrêts de travail constituait un test pour Silvio Berlusconi, dont la courbe de popularité est inversement proportionnelle à celle du chômage, en progression constante.

La grève semble avoir été eu suivie dans les transports. A Rome, bus et métro fonctionnaient en partie. Selon le gouvernement, deux pour cent des fonctionnaires avaient répondu à midi à l'appel syndical.

"Il y a de plus en plus de conducteurs de bus qui ne font pas grève parce que normalement on fait grève pour obtenir quelque chose et il semble qu'on obtienne jamais rien", notait, désabusé, Maurizio Rinaldi au terminal routier de la gare de Termini.

La journée d'action en Italie fait suite à des manifestations similaires en Grèce et en France cette semaine, autres pays confrontés, à des degrés divers, à des problèmes de déficit public.

Les sondages montrent qu'une majorité d'Italiens juge que les sacrifices demandés par le gouvernement ne sont pas équitablement répartis, et touchent avant tout les classes modestes et moyennes.

L'annonce d'une prochaine diminution des salaires des parlementaires n'a pas suffi à dissiper ce sentiment.

Après avoir affirmé que les Italiens n'avaient pas à craindre une contagion de la crise de la dette grecque, le gouvernement de Silvio Berlusconi a adopté le mois dernier une cure d'austérité visant à réduire le déficit de 25 milliards d'euros.

Parmi les mesures figurent un gel des salaires des fonctionnaires et une réduction des transferts financiers vers les municipalités.

Cette mesure a conduit des maires de toute la péninsule à manifester cette semaine dans Rome, portant symboliquement une corde autour du cou. Ils estiment que la diminution des subventions publiques fera plonger les finances locales dans le rouge et les empêchera d'apporter une aide sociale minimale aux enfants, aux personnes âgées et aux handicapés.

Une partie des exécutifs des 20 régions qui composent l'Italie ont prévenu pour leur part que si le gouvernement ne modifie pas son projet de budget, ils ne pourront plus assumer leurs prérogatives, comme l'entretien du réseau routier, et s'en déchargeront sur le pouvoir central.

Avec Philip Pullella et Gabriele Pileri, Henri-Pierre André et Pascal Liétout pour le service français, édité par Gilles Trequesser