Israël: ce que l'on sait de l'attaque terroriste près de Tel Aviv qui a fait 5 morts

La banlieue de Tel Aviv a connu une soirée cauchemardesque mardi après qu'un homme a ouvert le feu sur la foule à l'arme automatique. D'après les bilans livrés par les autorités, on déplore cinq morts et cinq blessés - dont certains dans un état grave - à la suite de cette équipée sanglante commise dans les communes limitrophes de Bnei Brak et Ramat Gan.
Il s'agit déjà du troisième attentat terroriste subi par Israël en l'espace d'une semaine, tandis que les tractations se multiplient à l'approche de l'ouverture du Ramadan en fin de semaine, période qui voit traditionnellement ressurgir les tensions séparant Israëliens et Palestiniens.
• Que s'est-il passé?
Peu de points communs rassemblent habituellement les villes de Bnei Brak et Ramat Gan, à part leur proximité géographique avec Tel Aviv. Mais depuis mardi soir, la très peuplée, très pauvre et très religieuse (l'endroit a été fondé par la communauté hassidique) Bnei Brak et le riche quartier d'affaires de Ramat Gan - où se concentrent diamantaires et champions des hautes technologies - sont unis dans le deuil.
Un terroriste y a tué au moins cinq personnes, en blessant cinq autres dont certaines grièvement, avant d'être lui-même abattu par la police. Sur les images de vidéosurveillance, on voit le forcené se déplacer d'abord en voiture, avant de descendre du véhicule et d'ouvrir le feu sur les passants.
Eli Levy, porte-parole de la police israélienne, a expliqué devant la presse: "Les policiers qui ont neutralisé le terroriste disent qu'ils étaient en pleine ronde lorsqu'ils ont neutralisé l'assaillant. En le neutralisant, ils ont empêché que l'attaque soit plus grave encore".
• Quel est le profil de l'assaillant?
On sait encore peu de choses sur l'assaillant. Toutefois, la presse israélienne a attribué l'attaque à un Palestinien né en Cisjordanie, Dia Hamarshah, et emprisonné pendant quatre ans en Israël. The Times of Israël - qui assure que l'homme était âgé de 26 ans et travaillait, illégalement, sur un chantier local - évoque une peine rendue en raison de ses liens avec le terrorisme et de son implication dans une vente d'armes.
Si dans un premier temps, aucune revendication n'a filtré, l'organisation Jihad islamique a finalement dit en être à l'origine. Auparavant, les islamistes palestiniens du du Hamas n'avaient pas hésité à justifier l'acte terroriste: "Cette opération (était) une réponse naturelle aux crimes de l'occupation contre les droits de notre peuple et de notre terre et de nos lieux saints".
Mahmoud Abbas, le président palestinien, a lui clairement pris ses distances avec le drame.
"Le meurtre de civils palestiniens et israéliens ne fait qu'aggraver davantage la situation alors que nous nous efforçons tous d'atteindre la stabilité", a-t-il déclaré officiellement.
Les forces de l'ordre sont en tout cas passées en "mode contre-terrorisme", selon son expression, et le pays a été placé en état d'alerte.
• La troisième attaque en Israël en une semaine
Il faut dire qu'il s'agit là du troisième attentat de rang commis sur le sol israélien en une semaine. En effet, le 22 mars, c'est d'abord Beersheva, dans le sud du pays, qui a été touchée par une attaque terroriste.
Mohammad Ghaleb Abu al-Qi'an, 34 ans, bédouin arabe israélien, a écrasé un cycliste avec sa voiture avant de tuer trois autres personnes (deux femmes et un homme) avec un couteau, selon le récit livré de I24 News. Des civils armés ont ensuite mis fin à son effroyable série en l'éliminant. Cet ancien prof de sport avait lui aussi connu les prisons israéliennes. En 2016, il avait été condamné pour avoir projeté un départ vers la Syrie et les rangs de Daesh.
Toujours selon I24, il était d'ailleurs toujours dans le viseur du Shin Bet, le service chargé de la sécurité intérieur du pays, qui non seulement n'a pas repéré son prochain passage à l'acte mais estimait de surcroît qu'il était revenu à des opinions plus modérées.
Et dimanche, c'est la ville d'Hadera, dans le nord d'Israël, entre Haïfa et Tel Aviv, qui a été rattrapée par la tragédie. Deux personnes sont mortes avant que les assaillants - deux Arabes israéliens - ne soient tués eux-mêmes par les forces spéciales israéliennes. Leurs victimes étaient deux gardes-frontières, l'un druze, l'autre une ressortissante franco-israélienne. Dès lundi, Daesh a revendiqué l'attentat via un communiqué émanant de sa pseudo-agence de presse, Amaq: "Deux membres des forces de police juives ont été tués et plusieurs ont été blessés dans une attaque d'un commando infiltré".
• Comment réagissent les autorités israéliennes?
Sept jours, trois attentats, et au moins onze morts dans quatre villes différentes. Cette vague de violence inquiète d'autant plus sur place que le Ramadan approche - il débutera samedi - et que cette période de jeûne, au centre de la foi musulmane, a souvent vu ressurgir l'hostilité entre Israéliens et Palestiniens. Les rencontres bipartites se sont d'ailleurs multipliées ces derniers jours.
Les autorités, la classe politique, ont pris de premières initiatives après l'attaque terroriste de Bnei Brak et Ramat Gan. Dans la soirée, Naftali Bennett a convoqué une réunion avec les figures de la sécurité nationale.
Le Premier ministre israélien s'est également adressé à ses concitoyens dans une allocution, dénonçant notamment: "Israël fait face à une vague de terreur orchestrée par ceux qui veulent nous anéantir, rendus fous par la haine des juifs et de l'Etat d'Israël".
Selon le correspondant de BFMTV en Israël, le gouvernement doit par ailleurs tenir une réunion spéciale ce mercredi.
• Quelles sont les réactions à l'international?
Au-delà du Proche-Orient, les dirigeants politiques du monde entier ont fait entendre leur voix, prenant soin de marquer leur solidarité.
"Le terrorisme a une nouvelle fois frappé Israël. Je condamne avec la plus grande fermeté ces attentats meurtriers. Mes pensées vont aux victimes et à leurs proches. Israël peut compter sur le soutien de la France et sur mon engagement total dans la lutte contre ce fléau", a ainsi tweeté Emmanuel Macron.
"Nous condamnons fermement l'attaque terroriste d'aujourd'hui à Bnei Brak, en Israël (...). Cette violence est inacceptable. Les Israéliens, comme toutes les personnes à travers le monde, devraient pouvoir vivre en paix et sans peur", a pour sa part publié le patron de la diplomatie américaine, Antony Blinken, à travers un communiqué.
"De tels actes de violence ne peuvent jamais être justifiés et doivent être condamnés par tous", a quant à lui souligné Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, dans la foulée du drame.
