Hausse du coût de la lutte anti-sida en vue faute de prévention

Le coût de la lutte contre l'épidémie de sida pourrait atteindre 35 milliards de dollars par an en 2030 si les gouvernements n'investissent pas dans des politiques efficaces et ciblées de prévention, estime l'Alliance internationale VIH/sida, une organisa - -
par Kate Kelland
LONDRES (Reuters) - Le coût de la lutte contre l'épidémie de sida pourrait atteindre 35 milliards de dollars par an en 2030 si les gouvernements n'investissent pas dans des politiques efficaces et ciblées de prévention, estime une organisation de lutte contre la maladie.
Alors qu'une conférence internationale s'ouvre à Vienne ce dimanche, l'Alliance internationale VIH/sida rappelle que 33,4 millions de personnes sont porteuses du virus à travers le monde et que l'épidémie est une "bombe à retardement" financière pour les familles, les gouvernements et les associations gérant les dons.
"Pour deux personnes qui bénéficient d'un traitement, cinq autres sont contaminées. A ce rythme, les dépenses pour le VIH vont passer de 13 milliards de dollars actuellement à une fourchette comprise entre 19 et 35 milliards dans 20 ans", déclare Alvaro Bermejo, directeur général de l'Alliance dans un communiqué.
Bermejo affirme que les autorités qui mènent les programmes nationaux de lutte contre le sida dans le monde doivent travailler à endiguer la propagation de la maladie. L'une des premières mesures préconisées est de lever les restrictions d'accès aux soins qui pèsent sur certains groupes de population, tels que les toxicomanes, les prostituées et les homosexuels dans certains pays.
Si les ressources sont consacrées à ceux qui en ont le plus besoin, il est possible "de réduire le nombre des contaminations et de consacrer les économies ainsi réalisées à améliorer les traitements", estime-t-il.
Le VIH, responsable du sida, a déjà tué 25 millions de personnes depuis le début de la pandémie apparue au début des années 80.
L'Alliance raconte comment certains de ses employés ont assisté en Ukraine à des scènes de harcèlement contre des toxicomanes qui tentaient d'obtenir un traitement, et comment certains médecins qui leur prescrivaient des drogues de substitution étaient envoyés en prison.
L'Ukraine est l'un des Etats où la maladie se propage le plus vite, principalement en raison des problèmes liés à la toxicomanie.
En Afrique, continent qui compte 67% des personnes contaminées dans le monde, l'Alliance a constaté une tendance croissante à la criminalisation des homosexuels, comme en Ouganda ou au Malawi.
Bermejo estime que les programmes de prévention à destination des personnes les plus vulnérables sont "trop souvent entravés par des législations et des politiques répressives, par des violations des droits de l'homme et des discriminations".
Selon les dernières statistiques, 2,7 millions de nouvelles contaminations ont été recensées en 2008, soit le même nombre qu'en 2007, en repli par rapport aux trois millions enregistrés en 2001.
Pierre Sérisier pour le service français