Gordon Brown justifie la guerre en Irak

Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a déclaré devant la commission d'enquête sur l'invasion en Irak que l'entrée en guerre en 2003 était justifiée et que son financement avait été suffisant. /Photo prise le 5 mars 2010/REUTERS/David Moir - -
par Michael Holden
LONDRES (Reuters) - Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a déclaré devant la commission d'enquête sur l'invasion en Irak que l'entrée en guerre en 2003 était justifiée et que son financement avait été suffisant.
Au cours de cette audition, qui survient à quelques semaines d'élections législatives cruciales pour l'avenir de son parti, Gordon Brown a expliqué que l'intervention militaire était fondée par le fait que Saddam Hussein ne s'était pas conformé à ses obligations internationales.
Le chef du gouvernement britannique s'est en revanche gardé de présenter l'existence présumée d'armes de destruction massives en Irak, dont nulle trace n'a jamais été retrouvée, comme un argument valable, se distinguant de son prédécesseur Tony Blair, entendu par la même commission en janvier.
"Mon sentiment était, et est toujours aujourd'hui que nous ne pouvons pas avoir une communauté internationale qui fonctionne bien si nous avons des terroristes qui enfreignent ces règles ou (...) des Etats belliqueux qui refusent d'obéir aux lois de la communauté internationale", a-t-il expliqué.
Alors que Tony Blair avait été très critiqué après son audition pour n'avoir exprimé aucun regret sur l'intervention en Irak, son successeur a commencé sa déposition en adressant quelques mots aux victimes britanniques et irakiennes du conflit.
"Je pense qu'entrer en guerre est la plus grave des décisions à prendre. Je crois que nous avons pris la bonne décision, pour les bonnes raisons", a-t-il dit.
LE FINANCEMENT ÉTAIT SUFFISANT
Gordon Brown, qui exerçait les fonctions de chancelier de l'Echiquier (ministre des Finances) à l'époque, a souvent été critiqué sur la question du financement du conflit, jugé insuffisant par certains.
Les proches de plusieurs des 179 soldats britanniques tués en Irak estiment que le manque de moyens a empêché l'armée d'équiper correctement les troupes, par conséquent exposées à des risques inutiles.
Ils avaient d'ailleurs invité la commission, dirigée par l'ancien haut fonctionnaire John Chilcot, à réclamer à l'actuel Premier ministre des explications sur ce point précis.
Plusieurs témoins déjà entendus par la commission, dont un ancien secrétaire à la Défense, ont déclaré que l'armée britannique avait manqué d'hélicoptères en Irak, obligeant les soldats à se déplacer dans des jeeps insuffisamment blindées.
La question du soutien financier à l'armée britannique reste un sujet de préoccupation majeure outre-Manche alors que 10.000 soldats sont toujours engagés en Afghanistan.
Gordon Brown a réfuté vendredi l'ensemble de ces arguments. "A aucun moment (...) le ministère des Finances n'a dit: 'Ceci est une meilleure option militaire car elle est moins onéreuse'", a-t-il expliqué.
A l'approche d'élections législatives dont l'issue s'annonce incertaine (), Gordon Brown cherche à éviter tout impair politique, relèvent les analystes politiques.
"Je pense qu'ils seront contents lorsque ce sera fini. Il va y avoir des gros titres un peu désagréables durant le week-end mais on passera à autre chose lundi", note Mark Wickham-Jones, professeur en sciences politiques à l'université de Bristol.
"Comme les auditions n'ont pas été particulièrement hostiles jusqu'à présent, je ne pense pas que ce sera un problème pour Brown", ajoute-t-il.
Clément Dossin et Olivier Guillemain pour le service français