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"Garçons en bleu, filles en rose": au Brésil, la phrase de cette ministre d'extrême droite devient virale

Damares Alves, le nouvelle ministre brésilienne des femmes, de la famille et des Droits de l'homme.

Damares Alves, le nouvelle ministre brésilienne des femmes, de la famille et des Droits de l'homme. - Sergio LIMA / AFP

Lorsqu'elle a prononcé cette phrase à son investiture, la nouvelle ministre brésilienne des femmes, des enfants et des Droits de l'homme ne s'attendait sûrement pas à ce qu'elle prenne une telle ampleur.

"Attention, attention. C'est une nouvelle ère au Brésil: les garçons s'habillent en bleu et les filles en rose". Cette phrase, prononcée par une des nouvelles ministres du président d'extrême droite Jair Bolsonaro lors de sa prise de fonction, n'a pas échappé aux internautes brésiliens. 

Damares Alves, 54 ans, est la nouvelle ministre de la Femme, de la Famille et des Droits de l'Homme, dans le gouvernement d'un président coutumier des déclarations machistes et homophobes. C'est aussi l'une des deux seules femmes du gouvernement. Une vidéo virale circulant ce vendredi sur Internet la montre en train de prononcer plusieurs fois ces mots en marge de son intronisation, ce mercredi 2 janvier à Brasilia, euphorique, chaudement applaudie par son entourage.

Les internautes convoquent Cendrillon

Dans la foulée de sa publication, de nombreuses personnalités ont publié des photos où elles posent avec des vêtements bleus pour les femmes, roses pour les hommes. Des internautes ont aussi partagé des photos de célébrités ou de personnages de fictions habillés de ces deux couleurs: Cendrillon, Britney Spears et Daenerys (Game of Thrones) en bleu, ou encore deux membres du groupe One direction et Rafael Nadal en rose.

La ministre habillée en bleu

Un utilisateur de Twitter a aussi légendé la photo d'un bébé à peine né, entouré des médecins ayant pratiqué l'accouchement: "C'est un garçon ou une fille?" demande-t-on au médecin qui tient le bébé. "Je ne sais pas, il n'a pas de vêtement", répond-t-il. Certains se sont aussi amusé à retrouver des photos de la ministre elle-même habillée de bleu. Le tout réuni sous les hashtags #CorNãoTemGênero, "la couleur n'a pas de genre", et #rosaeazul, "rose et bleu".

Un groupe sur Facebook a aussi lancé un appel à la manifestation "de femmes en bleu, d'hommes en rose ou de la couleur qu'on veut" dimanche, sur la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro.

Anti-avortement et "terriblement chrétienne"

Réagissant à ces critiques, la ministre a assuré qu'il s'agissait d'une "métaphore contre la 'théorie du genre'", reprenant l'expression utilisée par les mouvements traditionalistes pour instrumentaliser la recherche sur le genre, qui distingue ce dernier du sexe biologique.

"Garçons et filles peuvent s'habiller en bleu, en rose, de toutes les couleurs, comme ils se sentent le mieux", a tenté de rectifier la ministre.

Cette avocate de formation, résolument contre l'avortement, avait affirmé lors de son discours d'intronisation que l'"Etat est laïc" mais qu'elle-même était "terriblement chrétienne". 

Elle a en revanche affirmé que son ministère aurait bien pour mission de veiller à ce que les droits de la communauté LGBT brésilienne soient assurés. Une déclaration qui intervient alors que dans les premières heures qui ont suivi sa prise de fonction, Jair Bolsonaro a décidé d'exclure par ordonnance les questions relatives aux personnes LGBT des prérogatives du ministère des Droits de l'homme, confié à Damares Alves.

Charlie Vandekerkhove avec AFP