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"On a passé ces jours dans la stupeur": prisonniers à Tchernobyl, des Ukrainiens ont filmé leur quotidien

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Au premier jour de l'invasion, l'armée russe avait pris le contrôle du site, avant de s'en retirer de manière chaotique.

Le 24 février dernier, au premier jour de l'invasion russe de l'Ukraine, les forces de Moscou parvenaient à s'emparer de la centrale de Tchernobyl, théâtre de la plus grave catastrophe nucléaire de l'histoire en 1986. Sur place, les soldats russes, visiblement pas ou peu informés de la dangerosité du lieu, vont mettre en péril leur vie et ceux de leurs otages.

4 touristes prisonniers

Coupures d'électricité, menaces sur les responsables ukrainiens du site... Les forces d'occupations iront même jusqu'à creuser des tranchées dans la "forêt rousse", endroit le plus contaminé de la zone d'exclusion, où l'être humain s'expose à des doses potentiellement mortelles de radioactivité.

Dans le cadre de l'émission Ligne Rouge Tchernobyl, une centrale en otage, diffusée ce lundi à 20h50 sur BFMTV, nos équipes ont notamment pu s'entretenir avec Kostya Karnoza, un Ukrainien retenu prisonnier par les Russes sur le site nucléaire. Au moment de l'invasion, il se trouvait sur place non pas pour des raisons professionnelles, mais touristiques. La centrale de Tchernobyl et le village abandonné voisin de Pripiat accueillaient avant la pandémie près de 100.000 visiteurs par an.

Avec trois autres Ukrainiens, Kostya va donc se retrouver du jour au lendemain prisonnier des Russes. "Au sous-sol, il n'y avait pas de bruit. On ne savait pas ce qu'il se passait dans la centrale. Il y avait de la lumière 24 heures sur 24. Chacun était dans ses pensées", se souvient-il.

Des vidéos tournées lors de la détention

Leur détention, ils ont pu la documenter. Contrairement aux employés de la centrale, Kostya et ses trois compagnons d'infortune ne se sont pas vus confisquer leur téléphone portable.

Sur les vidéos transmises à BFMTV, on aperçoit un petit studio chichement meublé, où s'entassent des couchettes et des vivres. "Ça, c'est notre chambre où nous étions enfermés les premiers jours", indique l'homme derrière la caméra.

"On a examiné toute la pièce, on scrutait le plafond. On a passé ces premiers jours dans la stupeur, impuissants, hébétés", se remémore Kostya.

Dans une autre vidéo, deux hommes semblent regarder les actualités sur un téléphone portable. L'un d'eux tire machinalement sur une cigarette électronique. La caméra se tourne ensuite vers la porte au bout du couloir. "La porte est verrouillée, on est enfermé, on attend des nouvelles", glisse l'homme derrière le téléphone portable.

Jules Fresard