Grèce: les néonazis d'Aube dorée devant la justice

Nikos Michaloliakos, le leader d'Aube Dorée le 28 septembre 2013, escorté par des policiers masqués. - Angelos Tzortzinis - AFP
Aube Dorée peut-il continuer à être considéré comme un parti politique? La question est abordée lors d'un procès historique qui devait s'ouvrir lundi matin près d'Athènes. Il a été immédiatement suspendu et renvoyé au 7 mai prochain.
Le fondateur d'Aube Dorée, Nikos Michaloliakos, et la plupart des autres députés du parti étaient absents à l'ouverture de l'audience au tribunal spécialement aménagé au sein de la prison de Korydallos pour ce procès historique qui va durer plusieurs mois. Aucune raison n'a été avancée par leurs avocats.
Nikos Michaloliakos et son bras droit Christos Pappas devaient comparaître libres, après avoir effectué jusqu'à fin mars 18 mois de détention provisoire. D'autres cadres du parti actuellement incarcérés, dont son porte-parole Ilias Kasidiaris, ne se sont pas présentés devant le tribunal composé de trois juges.
Une manifestation à l'extérieur de la prison
Une quarantaine des 69 accusés, membres ou sympathisants d'Aube dorée, étaient présents mais un seul des 13 députés du parti cités à comparaître. A l'extérieur de la prison, plusieurs centaines de personnes - 2.000 selon les organisateurs - se sont rassemblées à l'appel du mouvement antiraciste pour demander "la condamnation des assassins néonazis".
Le procès des responsables du parti doit décider si cette formation, que la crise a installé dans le paysage politique grec, s'apparente à une "organisation criminelle" qui a multiplié les agressions contre les immigrés ces dernières années.
Entré au parlement en juin 2012, le parti Aube dorée a maintenu son score aux législatives du 25 janvier, quand il est arrivé en troisième position, avec 17 députés.
Des témoignages accablants
Cultivant désormais le profil bas, Nikos Machaloliakos défendait cette semaine sa formation comme étant "un mouvement nationaliste", "parti politique légal" et pas "une organisation criminelle". Les mois d'enquête judiciaire sur le parti ont cependant été accompagnés d'un grand déballage médiatique qui a mis au jour de nombreux documents photos et vidéos, des témoignages de repentis décrivant le fonctionnement des "sections d'assaut" du parti, leurs raids nocturnes à moto pour "casser" de l'étranger, les camps d'entraînement à la campagne avec maniement de Kalachnikov.
Au domicile du numéro 2 d'Aube dorée, Christos Pappas, la police avait découvert un véritable petit musée du nazisme, déclinant les croix gammée et portraits d'Hitler sur toutes sortes de supports. Mais "nous ne demandons pas la condamnation des accusés pour des motifs idéologiques, ce sont des faits qu'il faut juger, ceux de la vague de violence raciste qu'a connue le pays depuis 2008", insistent les avocats des parties civiles.